The Project Gutenberg eBook of Le petit-neveu de Grécourt, by Anonymous.
The Project Gutenberg EBook of Le petit-neveu de Grécourt ou Étrennes
gaillardes, by Anonymous
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Title: Le petit-neveu de Grécourt ou Étrennes gaillardes
Recueil de Contes en vers, réimprimés sur l'édition de 1782
Author: Anonymous
Editor: Isidore Liseux
Release Date: December 10, 2019 [EBook #60896]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE PETIT-NEVEU DE GRÉCOURT ***
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LE PETIT-NEVEU
DE GRÉCOURT
OU Étrennes Gaillardes
Recueil de Contes en vers, réimprimé sur l'édition de 1782.
PARIS Isidore LISEUX, Éditeur
Quai Malaquais, no 5
1883
Tiré à cent cinquante exemplaires numérotés
No 10
AVIS DE L'ÉDITEUR
On ne s'attend pas à de longues recherches bibliographiques
sur ce léger recueil de gaietés:
ce serait faire trop d'honneur à un petit vagabond,
sans feu ni lieu, et sans histoire. Tout ce que nous
en savons, c'est que d'abord mis au monde, en
1781 ou 1782, sous le titre de Petit-Neveu de
Grécourt… à Gibraltar, chez les Moines, il
a été vite adopté par Cazin, qui en a donné deux
éditions, avec un titre nouveau: Étrennes gaillardes,
dédiées à ma commère… à Lampsaque,
de l'imprimerie du Dieu des Jardins,
1782 et 1784. Voilà donc, à bien compter, trois
éditions, lesquelles doivent se valoir, vu le mérite
à peu près égal des imprimeurs: le Dieu des
Jardins, au XVIIIe siècle,
n'avait sûrement pas de
plus dignes émules que les Moines, de Gibraltar
ou d'ailleurs.
Maintenant, qui a composé ce volume? Un
homme de goût, évidemment. On a pensé que ce
pouvait bien être Félix Nogaret, à cause des initiales
Y X, dont signe l'éditeur; mais ce n'est là,
qu'une supposition fort aventurée. Nogaret avait le
bonheur de posséder un X dans son prénom:
d'accord; mais tous les anonymes n'ont-ils pas le
même droit à l'X? Et quant au goût de Félix
Nogaret, qui passe avec plus de raison pour
avoir fait les insipides huitains de l'Arétin
Français, n'est-il pas trop douteux pour justifier
l'attribution?
La chose, en somme, est de minime importance.
Quel que soit l'Amateur qui a recueilli ces
bluettes, acceptons-les pour elles-mêmes et ne leur
demandons pas plus qu'elles ne peuvent tenir. Elles
ont été glanées un peu partout: cependant, la
majeure partie n'en est guère connue; elles sont
lestes, court-vêtues, provocantes, et si elles donnent
au Lecteur une heure ou deux d'amusement, nous
aurions grand tort de regretter les quelques feuilles
de joli papier que nous avons sacrifiées pour cette
modeste édition.
I. L.
Paris, le 20 Juillet 1883.
A MA COMMÈRE
Ce n'est pas une Épître dédicatoire que je
vous adresse, c'est une simple Lettre que
je vous écris; n'y cherchez donc ni tournures
délicates, ni périphrases ingénieuses, ni tout ce
qui sent l'Auteur. Je ne le suis pas, Dieu merci:
je ne suis qu'un Éditeur gai et gaillard; j'ai
consacré quinze ou vingt jours, plus ou moins,
à rassembler des Contes joyeux, pour vous rendre
une fois le plaisir que vous m'avez donné
mille. De toutes les Francomtoises qui embellissent
et récréent la Capitale, vous êtes sans
contredit la plus aimable: votre taille est svelte,
vos yeux sont noirs et vifs, vos genoux charnus
et ronds, vos mains potelées, vos joues
parées des plus belles couleurs; enfin vous êtes
à trente ans ce qu'une autre femme est à vingt.
Vous croyez peut-être, ma chère Commère,
que ma franchise ordinaire a fait place au ton
complimenteur, détrompez-vous: tel je suis en
parlant, tel en écrivant, et je vais vous répéter
ce que je vous ai dit vingt fois sans que votre
amour-propre en ait paru blessé, tant vous êtes
modeste! Votre sein n'est ni plus ferme, ni
plus rond qu'un autre, votre petit pied fait
mentir le proverbe; mais ces légères imperfections
servent d'ombres au tableau: vous n'en
êtes pas moins chère à tous ceux qui vous
connoissent, on ne parle de vous qu'avec feu,
et je sais bien pourquoi: c'est que dans un
siècle où chacun vante beaucoup l'humanité,
vous êtes humaine autant qu'on peut l'être.
Avec quel désintéressement ne venez-vous pas
au secours d'une foule d'Amateurs! votre main
s'ouvre pour les uns, et votre cœur pour les
autres. Vous savez que la faiblesse humaine et
vos charmes changent une offrande libre en un
impôt forcé, et malgré cela, vous ne rançonnez
personne. Le pauvre Abbé Piquet, le petit Vicaire
de notre Paroisse, et le Père Briffard, que
j'ai rencontrés ce matin, me le disaient encore;
tel Géomètre le démontre, et tel Musicien le
chante à qui veut l'entendre. Si tous ces Messieurs
publient votre générosité sur les toits,
puis-je faire moins que de l'élever jusqu'aux
nues, moi que vous avez distingué dans la
foule, moi à qui vous avez accordé tant de
faveurs piquantes pour le seul plaisir de m'en
accorder, moi enfin à qui vous avez avoué en
rougissant que j'avais fait votre conquête? Je
serais le plus ingrat des hommes, ma Commère,
si je ne continuais pas à vous voir sur le même
pied, surtout lorsque mes facultés et votre manière
d'agir à mon égard s'accordent si bien
ensemble. Cependant il ne sera pas dit que je
ne cherche pas à m'acquitter envers vous; je
sais que vous aimez la belle littérature, je vous
ai surprise plus d'une fois le Moyen de parvenir
à la main, et je me suis même aperçu que,
douée d'une imagination très vive, vous vous
trouvez, à la suite de vos lectures, dans des
dispositions qui tournent à bien pour vous, et
à mal pour moi; mais dussé-je risquer de nouvelles
fatigues, je vous offre ce petit Recueil,
en vous priant de le lire, de le recommander à
vos amis, et surtout de l'envoyer à Besançon.
Sur ce, ma Commère, je vous baise les mains.
Ne soyez pas étonnée que je ne vous fasse
aujourd'hui ma cour que par écrit: notre dernière
entrevue m'a mis pour quelque temps
hors d'état de vous la faire autrement; ce qui
n'empêche pas que mon amour ne réponde au
vôtre.
Votre Compère,
Y. X. ***.
LE Petit-Neveu de Grécourt OU Étrennes Gaillardes
LA FEMME SANS CHOSE
Le trait suivant, Lecteur, est d'assez bon aloi:
Je le tiens de Monsieur Géronte,
Lequel me l'a donné pour une histoire, et moi
Je vous le donne pour un Conte:
Car il faut, tant qu'on peut, être de bonne foi.
C'est tout près de Paris que se passe la scène.
Un Grenadier (La Rose étoit son nom)
Jeune, bien fait, bon compagnon,
Étant en semestre à Surène,
De Thérèse un beau jour lorgna le pied mignon.
«Corbleu!» dit-il, «la bonne aubaine!
»Qui pourroit l'attirer à soi
»Auroit un vrai morceau de Roi,
»Ou tout au moins de Capitaine.»
Il aborde à l'instant Thérèse sans façon,
D'un air joyeux lui conte sa fleurette
Et lui porte la main au-dessous du menton.
Son geste, son habit, son ton
Plurent beaucoup à la fillette:
Bref, quelques jours après la retrouvant seulette,
Dans le fond d'une grange à sa dévotion,
Il ne put résister à la tentation,
Et l'affaire fut bientôt faite.
N'en parlons plus; ajoutons seulement
Que depuis cet heureux moment,
Thérèse et son ami, tous les jours en cachette,
Alloient au même lieu se rendre exactement.
Thérèse y vint un soir, elle étoit inquiète
Et paraissoit rêver profondément.
En regardant La Rose, elle reste muette.
«Qu'as-tu,» lui dit-il, «mon enfant,
»Et qui peut te causer une peine secrète?
»Ne cache rien à ton Amant,
»Parle.» Thérèse enfin parla naïvement:
—«On me dit que je suis gentille;
»Mais la serai-je encor longtemps?
»Vienne Saint-Nicolas, j'aurai mes vingt-deux ans,
»Et je ne veux pas mourir fille.
»Je sais que le Meunier du village voisin
»A mon père en secret a demandé ma main;
»Et mon père a dit oui: suffit que j'y consente,
»J'épouserai Colas pas plus tard que demain
»Conseille-moi!—Colas, parbleu! c'est mon cousin,»
Reprit le Grenadier, «car sa mère est ma tante;
»Ce garçon là n'est pas malin,
»Mais il a malgré ça quelque chose qui tente;
»C'est deux cents bons écus de rente:
»Si je les avois, je… Mais puisque je n'ai rien,
ȃpouse-le, tu feras bien.
»J'exige seulement…—Quoi?—Tu sais bien, ma chère,
»Que je dois te quitter dans vingt jours au plus tard;
»Avant le temps fixé pour mon départ
»La noce, dis-tu, peut se faire.
»En ce cas je prétends à ton benêt d'époux
»De ses droits conjugaux interdire l'usage:
»Si donc il t'invitait à des ébats trop doux,
»Dès la première nuit brusque le personnage,
»Dusses-tu le mettre en courroux.
»Quand je serai parti, je lui donne carrière;
»Mais jusque-là, Madame la Meunière,
»De Monsieur le Meunier je serois trop jaloux.
»—Comment? tu veux que, sans défense,
»Dès la première nuit, seulette entre deux draps,
»Avec un homme…? Allons, tu te moques, je pense.
»Qui pourroit se tirer d'un pareil embarras?
»J'aurois beau faire la mutine,
»Beau me fâcher, beau le gronder,
»Colas croiroit que je badine;
»Il seroit le plus fort, il faudroit bien céder.
»—D'accord, mais si je peux par un bon stratagème
»Lui fermer ce qu'il croit ouvert?…
»—Pour te prouver combien je t'aime,
»Je consens volontiers à le prendre sans vert.
»—Eh bien! avertis-moi la veille de la noce,
»Et nous agirons de concert,
»Afin que, comme un sot, il donne dans la bosse.»
A point nommé La Rose est averti:
Imaginez un peu ce qu'il fit à Thérèse.
(Vous avez vu qu'à tout la belle a consenti
Pour empêcher que Colas ne la baise).
Il colle artistement sur un certain endroit,
Que point ne veux nommer, que pourtant on devine,
Une peau de mouton douce, fraîche et très fine.
Le pli le plus léger, il l'efface du doigt,
Et partout, ainsi qu'on le croit.
Appliquant une main experte et libertine,
Il fait si bien qu'on n'aperçoit
Ni le creux du vallon, ni le duvet qui croît
Sur le penchant de la colline.
Ceci peut sembler fort, mais un amant adroit
Exécute aisément tout ce qu'il imagine,
Mieux encor qu'on ne le conçoit.
Et puis, ami Lecteur, un peu de complaisance;
Prêtez-vous à l'illusion,
Et vous croirez qu'après cette opération
Thérèse n'en eut plus… du moins en apparence.
Au fait. Le lendemain elle épouse Colas:
En sortant de l'église on vint faire bombance,
On but du petit vin, on servit de grands plats;
Mais parlons du souper, lequel suivit la danse:
Le souper d'une noce est le meilleur repas.
Le marié, droit comme un échalas,
D'aller se mettre au lit brûloit d'impatience.
La Rose, riant aux éclats,
Par des couplets gaillards égayoit l'assistance,
S'approchoit de Colas, et lui disoit tout bas:
«Cousin, tu m'as bien l'air d'un croqueur de pucelles;
»Gageons que cette nuit tu ne dormiras pas:
»La mariée est des plus belles;
»Demain, les yeux battus et les membres bien las,
»Tu nous en diras des nouvelles.»
Tout en parlant de bagatelles,
On entendit sonner minuit:
Lors au lit nuptial chaque époux fut conduit,
Et l'on éteignit les chandelles:
On sait déjà tout ce qui se passa.
Colas, dont on se peint aisément la surprise,
Pour fêter sa commère en vain se trémoussa,
Tentant dix fois l'assaut, et dix fois lâchant prise.
D'un jeu si déplaisant enfin il se lassa,
Et fut toute la nuit dans une horrible crise.
Au point du jour, mon Jocrisse à grands pas
Va chez le Grenadier en poussant des hélas!
—«Si vous saviez, cousin La Rose,
»Ma femme, elle n'a pas de…—Quoi?
»—De… la… de…—Quoi donc?—Aidez-moi!
»Eh bien! elle n'a pas… elle n'a pas de chose!
»—Ah! parbleu, n'est-ce que cela?
»On peut remédier à cet accident-là;
»Et je ne sais pourquoi tu t'inquiètes:
»Beaucoup de femmes n'en ont pas;
»Mais je leur en fais, moi.—Comment, vous leur en faites!
»—J'en fis un l'an dernier à celle de Lucas;
»Tu pourrois même aller la trouver de ce pas,
»Et par des questions secrètes…
»En observant surtout de lui parler bien bas,
»Peut-être avoueroit-elle…—Ah! que je serois aise
»Si vous pouviez ce soir en faire un à Thérèse!
»—Ce soir, le terme est un peu court;
»Mais apporte au logis avant la fin du jour
»Douze livres de crin, douze francs pour ma peine;
»Pars demain, va passer huit jours chez ta marraine,
»Imagine quelque détour
»Afin de lui cacher le sujet qui t'amène:
»Dis-lui que par malheur tu deviens un peu sourd,
»Et qu'on t'a conseillé de voyager en plaine.
»Sur le chose de ta Chrétienne
»Sois plus muet que la bouche d'un four,
»Entends-tu bien, Colas?—Oh! qu'à cela ne tienne!
»—C'est aujourd'hui lundi, je fixe ton retour
»Au Mardi de l'autre semaine:
»Ce jour-là tu pourras sans gêne
»Faire un petit Colas.—Ah! Thérèse, ah! mamour,
»Mardi j'en aurai donc l'étrenne!
»—Adieu, cousin.—Bonsoir.» Une heure après
Le crin est envoyé, les douze francs sont prêts;
Et comme une franche pécore,
Colas le lendemain partit avant l'aurore.
Vous jugez bien que notre amant
Sut mettre à profit son absence.
A Thérèse il fit un enfant,
Puis il vendit le crin pour en avoir l'argent,
Et riant du cousin docile à la défense,
Il regagna son Régiment.
Colas, au bout de la huitaine,
Croyant avec raison l'ouverture certaine,
Revient trouver sa femme en faisant les yeux doux,
—«Couchons-nous,» lui dit-il, «ma reine.»
Thérèse au lit suit son époux;
Là, sans compliment il l'engaîne.
Le jeu fini, Colas visita son domaine;
Et lorsqu'en tous les coins il eut passé la main:
—«Ouais!» s'écria-t-il, «cousin,
»Par ma foi, je vous garde une bonne semonce:
»Vous m'avez demandé douze livres de crin,
»Et je n'en trouve pas une once!»
LA CROYANCE FONDÉE
Un jour que Madame dormoit,
Monsieur fêtoit sa Chambrière;
Celle-ci qui la danse aimoit,
Remuoit fort bien la charnière:
Or la Coquine, toute fière,
Lui dit: «Monsieur, sur votre foi,
»Qui le fait mieux, Madame ou moi?
»—C'est toi, Barbe, sans contredit.
»—Saint Jean!» dit-elle, «je le croi;
»Car tout le monde me le dit.»
LA DÉCLARATION MILITAIRE
A MADAME ***
Puisque vous m'avez dit souvent
Que vous n'aimez pas la morale.
On m'a fait un conte plaisant.
Il faut que je vous en régale:
Un Mousquetaire soupiroit
Pour Fatime, beauté sévère;
Quel est celui qui me diroit
Comment soupire un Mousquetaire?
Depuis si longtemps un bruit court
Que, dans le délai le plus court,
Ces Messieurs font toujours l'affaire!
Le pourquoi n'est plus un mystère;
Mars qui s'entend avec l'Amour
Est exempt du préliminaire.
Mon Héros, qu'on nommoit Valcour,
Et qui certe auroit eu vergogne
D'en être à son troisième jour
Sans finir la douce besogne,
Pour la finir n'épargna rien;
Si, qu'à son deuxième entretien,
Bien résolu de passer outre,
Il s'écria: «Je voudrois bien,
«Madame, vous…—Quoi donc?—Vous foutre.»
Foutre est un mot très indécent;
Fatime se mit en colère,
Et dit:—«Monsieur le Militaire,
»Vous êtes un impertinent.
»—Un impertinent soit, ma chère;
»J'en agis toujours rondement,
»Et ne réponds au compliment
»Que par trois mots: laissez-moi faire.»
Entre ses bras il vous la prend.
On devine que la Commère
Se débat, ou bien fait semblant:
Plus elle feint, plus il la serre.
Bref, il la pousse vivement.
Elle, tout en se débattant,
De tomber dans une bergère;
Lui d'avoir, en moins d'un instant
Fait quatre ou cinq tours à Cythère.
Mademoiselle, en se pâmant,
De lui demander doucement
S'il peut encore en faire autant?
Et Monsieur, toujours plus galant,
De ne pas rester en arrière.
Mon Lecteur, qui sait que souvent
Le plus vigoureux assaillant
Après trois exploits tombe à terre,
Ne doit pas trouver surprenant
Qu'ayant fait six fois la carrière,
Sans prendre haleine seulement,
Mon coquin, d'un air triomphant,
Enflé de sa valeur guerrière,
Dit à Fatime en la quittant:
—«Pour foutre, vive un Mousquetaire!»
Ni que Fatime souriant
Prenne le parti de se taire;
Car un Auteur qui n'est pas sot,
Sur foutre a donné cette glose:
Les Dames pardonnent le mot
A celui qui fait bien la chose.
LA RÉPONSE SENSÉE
CONTE
Ces jours passés, une Catin
Dit à Pattu le Médecin:
«Je vous paierai, coûte que coûte;
»Tirez-moi d'un grand embarras;
»Monsieur, vous avez vu des cas:
»Les cas sont-ils barbus?—Sans doute.
»—Pourquoi le mien ne l'est-il pas?
»—En voici la raison, écoute,»
Lui répond gravement Pattu;
«Ne sais-tu pas un vieux Proverbe,
»Qui dit qu'en un sentier battu
»On ne vit jamais pousser d'herbe?»
LA PLAINTE INJUSTE
A la campagne, un jour qu'il faisoit beau,
Gilet fut voir Madame du Martelle.
Bien fut reçu dans l'antique Château:
Pour le traiter, on mit tout par écuelle;
Mais il se plaint que la ronde femelle
L'ait fait coucher auprès d'un grand Valet.
Or de la Dame à tort se plaint Gilet:
Mieux n'eût choisi, si c'eût été pour elle.
BADINAGE IN-PROMPTU
En voyant la Statue de la Pucelle d'Orléans dans la place
publique de cette Ville.
Passants, respectez celle
Que vous voyez céans:
C'est la seule pucelle
Qui soit dans Orléans.
LA BELLE ACCOMMODANTE
Léon, poussé d'humeur folâtre,
Regardoit à son aise un jour
Les jambes plus blanches qu'albâtre
De Lise, objet de son amour.
Tantôt il s'attache à la gauche,
Tantôt la droite le débauche;
«Je ne sais plus,» dit-il, «laquelle regarder;
»Une égale beauté fait un combat entre elles.
»—Ah!» dit Lise, «ami, sans tarder,
»Mettez-vous entre deux, pour finir leurs querelles!»
IN-PROMPTU
Vous me priez toujours de vous faire des vers,
Je vous l'ai dit vingt fois, Madame, en bonne prose:
Je les ferois tout de travers;
J'aime mieux vous faire autre chose.
COUPLET
Air: La faridondaine, la faridondon.
Pendant six mois, notre voisin
Crut sa femme hydropique;
Mais en criant un beau matin:
«Aye! aye! J'ai la colique,»
Elle accoucha d'un gros garçon,
La faridondaine, la faridondon,
Qui ressemble au pauvre mari,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Mon ami.
BOUQUET A Mlle ***
En ce jour que je dois fêter,
Je vous présente ma personne;
C'est le bouquet que je vous donne,
Mais voudrez-vous bien le porter?
LA RAGE D'AMOUR
CONTE
A Cupidon la jeune et belle Amynthe
Malgré l'hymen sacrifioit toujours;
Son pauvre époux toujours étoit en crainte
Qu'elle ne fît de nouvelles amours.
Il ne pouvoit en siller la paupière;
Veilles, soucis l'eurent tôt emporté.
Lui mort, Amynthe, en pleine liberté,
A son humeur donna belle carrière;
On en jasa; son Curé crut devoir
L'en avertir: «Vous vous perdez, Madame,
»Changez de vie, ou c'est fait de votre âme!
»—Hélas! Monsieur, je voudrois le pouvoir,»
Lui répondit la trop fringante veuve;
«Mais plaignez-moi, tel est mon ascendant,
»Que je ne puis avoir l'esprit content,
»Si chaque mois je n'ai pratique neuve.
»Cela me vient d'un accident fatal:
»A quatorze ans d'un chien je fus mordue,
»Chien enragé. Pour prévenir le mal,
»L'avis commun fut qu'il me falloit nue
»Plonger en mer. Nue on me dépouilla.
»Honteuse alors de me voir sans chemise,
»Incontinent je portai la main là…
»Où vous savez, sans jamais lâcher prise.
»On me plongea; mais qu'est-il arrivé?
«C'est que mon corps, ô pudeur trop funeste!
»Partout ailleurs du mal fut préservé,
»Hors cet endroit où la rage me reste.»
LE PRÉTENDU MALIN
Jean recherchoit pour l'hyménée
Pâquette l'émerillonnée;
Chacun disoit à Jean: «Pâquette a mauvais bruit,
»Son honneur est un grand peut-être.
»—Oh!» dit Jean, «la première nuit
»Je saurai bien le reconnoître.»
LA GAGEURE
Deux Penaillons, voulant prendre un ébat
Pour égayer l'ennui du Monastère,
Gageoient un jour deux flacons de muscat
A qui plutôt auroit dit son Bréviaire:
Ce n'est du tout agir Chrétiennement.
Avant d'entrer en si plaisante lice,
Nos deux Frocards se prêtèrent serment
De ne sauter un mot du saint Office.
Le serment fait, les voilà donc en train
De marmoter; quand l'un, gagnant la fin.
Dit: «Je n'ai plus qu'un bout de patenôtre.
»—Ah! malheureux, tu m'as fourbé vraiment,
»Car je ne suis qu'au milieu,» répond l'autre,
«Et j'ai passé tout le commencement!«
LE PAIEMENT D'AVANCE
Dans Paris plus d'un Bourgeois,
N'ayant maîtresse ni femme,
Pour un écu tous les mois
S'en va rafraîchir sa flamme.
Témoin Monsieur Rogaton,
Qui sait où le bât le blesse,
Et de temps en temps, dit-on,
Cède à l'humaine faiblesse.
L'autre jour une drôlesse
L'aperçut de son balcon,
Et la voilà qui l'invite
Par un st, st redoublé.
Mon homme de monter vite
Sitôt qu'il est appelé;
Il entre; elle de lui dire:
«Mon fils, sois le bienvenu;
»C'est moi qu'on nomme Zelmire:
»Ce nom, je crois, est connu.
»Ici l'on trouve à sa guise,
»Blancheur, fraîcheur, fermeté;
»Ces trois mots sont ma devise.
»Je suis en bonne santé;
»Dans mes bras tout Paris tombe;
»J'ai la gorge de Duté
»Et les fesses de Colombe.
»Viens t'asseoir à mon côté
»Et mets-moi vite à l'épreuve;
»Mais auparavant fais preuve
»De ta générosité.
»—Dis-moi combien tu demandes?
»—Combien? Six livres, mon cher,
»Et douze si tu marchandes;
»C'est un prix fait en hiver.
Mons Rogaton sur la bouche
Un gros baiser lui colla;
Zelmire, d'un air farouche:
—«Il faut mettre six francs là,
»Et sois sûr que sans cela
»Je ne veux pas qu'on me touche.
»Dépêchons, il se fait tard;
»Six francs, ou bats en retraite.»
Rogaton les lui départ.
La Commère, satisfaite,
Ses charmes lors dévoila,
En lui disant: «Me voilà
»Comme le bon Dieu m'a faite.
»—Ah! Ciel! je suis infecté!
»Ici que n'ai-je apporté
»De l'ambre ou de la civette?
»Cache, cache tes attraits,»
Dit l'autre, «je gagerois
»Que tu n'as pas fait toilette.
»Fi!—Si tu n'es pas content,
»Tu peux regagner la porte.
»—Eh bien! rends-moi vitement
»Mes six francs, et que je sorte.
»—Tes six francs? oh! doucement:
»Je ne fais point de corvée;
»On ne rend jamais l'argent
»Lorsque la toile est levée.»
IN-PROMPTU
Chanté dans la maison de M. le Marquis de L***, à V***,
le jour qu'on y pendit la Crémaillère.
Sur l'air: La bonne aventure, ô gué.
Comme de vrais sans souci,
Donnons-nous carrière;
Près des Dames que voici,
Liberté plénière!
Surtout point d'Amant transi,
Car rien ne doit pendre ici,
Que la Crémaillère, ô gué,
Que la Crémaillère!
LA CALOMNIE FOUDROYÉE
«Oui, vous feriez en vain le délicat,
»Monsieur l'Abbé, je ne serois pas dupe;
»Avouez, croyez-moi, que vous aimez la jupe.
»Et sur ce point n'ayons plus d'altercat.
»—Mais, Madame, jetez les yeux sur mon rabat…
»—Toutes vos raisons sont frivoles…
»—Vous êtes incrédule et voulez un éclat?
»Eh bien! retenez ces paroles:
»Du cotillon je fais si peu d'état,
»Que je donnerois cent pistoles
»Pour que personne n'en portât!»
LA FENTE
CONTE
Orante avoit fait emplette
D'un quarteau de vieux Rota;
Sa chambrière Pâquette,
Un beau matin le goûta
Et le trouva bon sans doute.
Elle y revint: Jean l'aida.
Verre à verre, goutte à goutte
La feuillette se vida.
Au bout d'une quarantaine
Il advint que le Patron,
Qui croit la feuillette pleine,
Va pour en prendre l'étrenne.
L'eut-il? Vous savez que non.
Abusé dans son attente,
D'abord il est stupéfait,
Puis songeant que le vin tente
Et se doutant du méfait,
Il appelle sa servante
Et lui dit ce qu'elle sait.
Pourtant elle s'émerveille:
Jamais, jamais on n'a vu
Une aventure pareille!
—«Certe, qui l'auroit prévu?»
Répondit-elle à son maître,
«D'où peut provenir cela?
»Quelque fente aura peut-être
»Causé cet accident-là;
»Nous pourrons le reconnoître.»
Elle va prendre un flambeau.
L'allume, vient, fait sa ronde:
Rien ne manquoit au tonneau.
—«Morgué! le tour est nouveau;
»Voyons par-dessous», dit-elle.
Au même instant la donzelle,
En se baissant, met au jour
Ce qui plaît dans une belle,
Morceau digne de l'amour.
Et pour parler sans détour,
Le parois de sa Chapelle
Que couvroit un jupon court.
—«C'est assez», lui dit Orante,
En lorgnant le défilé,
«Viens que je bouche la fente
»Par où mon vin a coulé.»
LE REPENTIR SINCÈRE
Avec la brune et la blonde
Un Prieur Bénédictin
Prit tant d'ébats, qu'un matin
Il gagna le mal immonde.
Voyant son chose maigri,
L'horreur du crime le frappe;
«Fin,» dit-il, «qui m'y rattrape…
»Avant que je sois guéri!»
L'ARMURE DE VÉNUS
Vénus manioit près de Mars
Son casque, son glaive, ses dards,
Armes de défense et d'attaque.
Mais le Dieu lui cria soudain:
«Belle, j'en ai sous ma casaque
»De plus propres pour votre main.»
A MA MAITRESSE
Qui, la veille en dinant chez moi, avait paru désirer un serin
que j'avais.
Reçois la cage et le serin charmant
Dont tu louois hier l'agréable ramage:
Il en reste encore un à ton fidèle amant;
Mais c'est à toi de lui donner la cage.
Les Désolations et les Consolations.
VAUDEVILLE
Cloris avec un gros Seigneur,
L'hiver dernier, perdit sa fleur;
C'est ce qui la désole.
Mais alors elle n'avoit rien,
Et maintenant elle a du bien;
C'est ce qui la console.
Lise avoit Lindor pour amant,
Sa mère la met au Couvent;
C'est ce qui la désole.
Un Directeur qui vaut de l'or,
Près d'elle remplace Lindor;
C'est ce qui la console.
Lisimon est bien convaincu
Que son voisin le fait cocu;
C'est ce qui le désole.
En secret le drille malin
Rend la pareille à son voisin;
C'est ce qui le console.
ÉLÉGIE
Au diable soit la donzelle
Qui, me prenant par la main,
Me fit rebrousser chemin,
Et me conduisit chez elle!
Sot que je fus ce jour-là!
En arrivant dans sa chambre,
Sur un lit parfumé d'ambre
Ses charmes elle étala.
Las! j'en perdis la parole.
Que faire? j'étois vaincu:
Jean Chouart joua son rôle;
Barbe gagna son écu,
Moi, je gagnai la vérole.
ÉPIGRAMME
L'épousé, la première nuit,
Rassuroit sa femme farouche.
«Mordez-moi,» dit-il, «s'il vous cuit,
»Voilà mon doigt en votre bouche.»
Elle y consent, il s'escarmouche;
Et quand il l'eut bien déhousée;
«Or ça,» dit-il, «tendre Rouzée,
»Vous ai-je fait du mal ainsi?
»—Ah donc!» répondit l'épousée.
«Je ne vous ai pas mors aussi!»
LE TRIOMPHE DE LA MAROTTE OU
L'ESPRIT DE MES CONFRÈRES
CHANSON
Sur l'air: O reguingué, ô lon lan la.
Entre les différents états
Qui font vivre l'homme ici-bas,
On ne démêle qu'altercas,
Peines d'esprit, vains embarras:
Chez le Héros, chez le Pagnote,
Tout n'est que sottise et marotte.
La débauche plaît au Rentier,
Le faux point d'honneur au Guerrier,
L'opulence entiche un Caissier,
L'amour-propre le monde entier;
Petits-Maîtres, Gens de maltote,
Chacun a son bien de marotte.
Mais laissant au joug de leurs fers
Tant de personnages divers,
L'Église fournit à mes vers
De quoi blasonner ses travers;
Le plus mince porte-calotte
Donne prise à quelque marotte.
Le Pape avec les Cardinaux,
Vénérables Grippeminauds,
Pasteurs quelque peu larronneaux,
Font voir en tondant leurs troupeaux,
Malgré les statuts de la rote,
L'appât du lucre pour marotte.
Un Évêque dûment renté,
Plein d'embonpoint et de santé;
Au séjour de la volupté,
Dans une sainte oisiveté,
Sur le duvet qui le dorlotte
Laisse appercevoir sa marotte.
J'aime un Chanoine fortuné
Qui, dans son fauteuil cantonné,
Prémédite après déjeuner
L'assortiment de son dîner,
Et qui baptise d'Ostrogote
La loi contraire à sa marotte.
Abbés charmants, petits collets,
Pour qui la mitre a tant d'attraits,
Aussi souples que des valets,
En rôdant autour des Palais,
J'opine ce qui vous balotte;
Les grandeurs sont votre marotte.
La gouvernante d'un Curé,
Sous un parentage ignoré,
Prend en vain le ton maniéré;
Je dis au bon Prêtre leurré:
L'amour entre vous et Javotte
N'a-t-il point mis quelque marotte?
Les Moines, par plus d'un endroit,
Méritent qu'on leur fasse droit;
D'abord viennent ceux de Benoît,
Gens absolus, vrais pisse-froid;
Craignez cette race dévote,
L'intolérance est leur marotte.
Un Bernardin au lansquenet
Fouette la carte en prestolet,
Hausse le temps, et d'un buffet
Range les cristaux au parfait,
Fredonne quelque air de gavotte:
Telle est au juste sa marotte.
Le Célestin entre deux draps
Couloit des jours sans embarras;
Du Latin qu'il n'entendoit pas,
Laissant l'usage aux Savantas,
Il trouvoit dans une marmotte
Le symbole de sa marotte.
Un gros Carme à triple menton,
Prélude fort bien sur le ton
Propre à l'amoureuse chanson;
Mais au lutrin c'est un oison:
Il prouve en écorchant la note,
Qu'un autre accord fait sa marotte.
Voulez-vous au fond d'un cellier
Goûter de ce jus singulier
Qui repose sur le chantier?
Prenez pour guide un Cordelier;
Bientôt en sifflant la linotte,
Il démasquera sa marotte.
Le Capucin peu délicat,
Né pour choquer notre odorat,
Tantôt zélé, tantôt pied-plat,
Emprunte la griffe du chat,
Et des bribes qu'il escamotte,
Dresse un trophée à sa marotte.
Prêcheurs, Soccolants, Augustins,
Petits et grands Observantins,
Famille d'Archi-patelins,
Vrais escrocs, adroits carabins,
Orgueilleux au sein de la crotte,
L'impudence est votre marotte.
Hermaphrodites incertains,
Moitié Moines, moitié mondains,
Trinitaires, Génovéfains,
Antonistes, plats aigrefins,
L'eau de senteur, la papillotte
Manifestent votre marotte.
Chartreux saintement désœuvrés,
Et vous rebondis Prémontrés,
Cafards, on le sait, attitrés,
Au demeurant baudets jurés,
Ma Muse ombrageuse et capotte
Ne voit goutte à votre marotte.
Disciples du grand Loyola,
Après vous il faut dire, holà!
Quiconque franchit ce point-là,
Ne craint Charybde ni Scylla.
Pascal, Auteur de haute note,
A su frapper votre marotte.
Fine fleur d'un sexe rusé,
Tour à tour chéri, méprisé,
Tendres Nonnains, si j'ai glosé
Sur le raz et sur le frisé,
Vous méritez bien qu'on vous cote
Dans les fastes de la marotte.
Héritières du vain caquet
De cet éloquent perroquet,
Naguère chanté par Gresset,
Je vais prononcer votre arrêt:
Le babil et l'humeur bigote
Sont votre éternelle marotte.
Indigne de former des nœuds,
La coquette attise nos feux,
La prude évite leurs aveux,
La volage reste entre deux;
Tandis que la froide vieillotte
Regrette en secret leur marotte.
Prédicateur hors de saison,
Quel fruit produira mon sermon?
Du vent, rien plus. Jamais chanson
Ne fit un Saint d'un Pantalon.
Dans la liste que je fagotte,
Moi-même j'ai double marotte.
LES CINQ POINTS
A MADEMOISELLE DE ***
Fleur de quinze ans, si Dieu vous sauve et gard,
J'ai en amours trouvé cinq points exprès:
Premièrement, s'offre à vous le regard,
Puis le parler, puis le baiser après;
L'attouchement le baiser suit de près,
Et tous ceux-là tendent au dernier point,
Lequel est…—Quoi?—Je ne le dirai point;
Mais s'il vous plaît en ma chambre vous rendre,
Je me mettrai volontiers en pourpoint,
Voire tout nud, pour vous le faire apprendre.
L'UN POUR L'AUTRE
CONTE
Près de s'unir à sa discrète amie,
Le bon Damis, chez elle, un beau matin,
Sur un sopha la trouvant endormie,
Osa risquer un geste libertin;
Mais par malheur s'éveille la Donzelle,
Et ses beaux yeux encore appesantis:
«Mon cher Louis, ah! tu vaux trop,» dit-elle,
(Louis étoit un valet du logis),
«Toute la nuit, tu m'as prouvé ton zèle;
»Le jour au moins, repose-toi, Louis.»
LA PRÉSENCE D'ESPRIT
Martin menoit son cochon au marché,
Avec Suzon, qui dans la plaine grande,
Pria Martin de faire le péché
De l'un sur l'autre, et Martin lui demande:
«Mais, qui tiendroit notre cochon, friande?
»—Qui?» dit Suzon, «bon remède il y a.»
Lors le cochon à sa jambe lia,
Puis Martin grimpe, et lourdement engaîne.
Le porc eut peur, et Suzon s'écria:
«Serre, Martin! notre cochon m'entraîne.»
LA DÉFENSE BIEN OBSERVÉE
«Quoi! maman me laisse seulette?
»Pour moi j'en suis presque en courroux;
»Il semble qu'exprès avec vous
»Je voulois rester tête à tête;
»Mais non, Monsieur, n'en croyez rien;
»Vraiment je vous le défends bien.
»Pour favoriser le mystère,
»Ma porte est fermée aux verroux;
»Ici, sans crainte des jaloux,
»On pourroit jouir et se taire;
»Mais non, Monsieur, n'en faites rien;
»Vraiment je vous le défends bien.
»Prêt à rire de ma colère,
»Peut-être que mon négligé,
»Mon mouchoir un peu dérangé,
»Vont vous rendre trop téméraire;
»Mais non, Monsieur, qu'il n'en soit rien;
»Vraiment je vous le défends bien.
»Dans vos yeux je lis votre audace,
»Vos regards dévorent mon sein;
»Vous allez y porter la main,
»Votre bouche en prendra la place;
»Mais non, Monsieur, n'en faites rien;
»Vraiment je vous le défends bien.
»Mais que vois-je? ma jarretière
»Se défait et tombe à mes pieds;
»Souffrir que vous la rattachiez!
»Oh! pour cela je suis trop fière!
»Non, non, Monsieur, n'en faites rien;
»Vraiment je vous le défends bien.»
Comprenant enfin la défense,
Par degré Damon s'enhardit,
A la belle il désobéit,
Pour prouver son obéissance.
Jusques au bout il fit si bien,
Qu'on ne lui défendit plus rien.
LE DÉGEL
Un jour d'hiver Robin, tout éperdu,
Vint à Catin présenter sa requête,
Pour dégeler son chose morfondu,
Qui ne pouvoit quasi lever la tête.
Incontinent Catin fut toute prête;
Robin aussi prend courage et s'accroche;
On se remue, on se joue, on se hoche.
Puis quand ce vint au naturel devoir,
«Ah!» dit Catin, «le grand dégel approche!
»—Oui,» répond-il, «je sens qu'il va pleuvoir.»
HISTOIRE VÉRITABLE ET REMARQUABLE D'UN ABBÉ
Qui avoit donné un rendez-vous à une femme mariée; le mari,
instruit de ce rendez-vous, mit à sa chaste épouse une ceinture
fort usitée en Italie.
»—Mon Dieu!» cria l'épouse, alors toute attendrie,
«Que je voie…» et pour voir le fagot fut ôté.
Mais elle ne vit rien qu'une certaine épine…
Lors prenant et serrant son époux dans ses bras:
—«Mon ami,» lui dit la coquine,
«Pour te venger, au lieu de me faire la mine,
»Pique-moi tant que tu pourras!»
LA DEMANDE SINGULIÈRE
Au temps prescrit par notre mère Église,
Chez son évêque un jeune rustre alla;
Puis il lui dit: «Monseigneur, me voilà;
»J'ai nom Jacquot, baillez-moi la prêtrise.»
Le Prélat rit et lui répond:—«Nigaud,
»Crois-tu mener si vite cette affaire?
»Va, mon enfant, pour être prêtre, il faut
»Qu'un homme ait fait trois ans de Séminaire.»
Jacquot repart:—«Je le sais, mais aussi
»Informez-vous de tout notre village:
»Mon père étoit vicaire, et, Dieu merci!
»Tout fils de maître est franc d'apprentissage.»
L'AVOCAT RAISONNABLE
Un Avocat, revenant dans son logis après deux ans d'absence,
y retrouva un gros garçon qu'il ne croyoit pas avoir laissé;
au lieu de s'emporter contre sa femme, il fit l'in-promptu
suivant:
IN-PROMPTU
Air: Du Vaudeville de la Rosière.
Sur cet article délicat,
Un autre courroit au grimoire;
Mais moi, comme un franc Avocat,
C'est la loi que je veux en croire;
Or si je consulte la Loi,
L'enfant de ma femme est à moi.
Je sais bien qu'avant mon départ,
Madame écoutoit les fleurettes,
Et qu'elle avoit sa bonne part
Du foible qu'on donne aux coquettes;
Mais si je consulte la Loi,
L'enfant de ma femme est à moi.
Plus je regarde le poupon,
Moins je trouve qu'il me ressemble:
Il a la bouche de Cliton,
Ses yeux, son nez: aye! aye! je tremble;
Mais si je consulte la Loi,
L'enfant de ma femme est à moi.
Sur un doute pareil au mien,
Rondon plaida sa ménagère,
A cela que gagna-t-il? Rien.
Le juge dit au pauvre hère:
«Va-t'en donc consulter la Loi,
»L'enfant de ta femme est à toi.»
Tous les jours, j'en suis convaincu,
Le plus galant homme peut être
Ce que l'on appelle cocu;
Mais, sans chercher à le paroître,
Il dit: «N'écoutons que la Loi,
»L'enfant de ma femme est à moi.»
COUPLET A MADEMOISELLE ***
Air: Du Vaudeville d'Epicure.
C'est peu d'être jeune et jolie:
Sans l'amour, que sert la beauté?
Pour être une fille accomplie,
Il faut un peu de volupté.
Victoire, soyez moins sévère,
Le plaisir n'est que dans vos yeux:
Si vous voulez me laisser faire,
Je le logerai beaucoup mieux.
L'ÉPOUSE NAÏVE
Blaise aimoit certaine donzelle.
Il l'épousa. Dès la première nuit,
En la caressant, il lui dit:
«J'ai peur que nos plaisirs dans quelque temps, ma belle,
Isidore LISEUX, Libraire-Éditeur Quai Malaquais, no 5.
ÉDITIONS RÉSERVÉES
Sous cette désignation générale, nous avons
l'intention de faire paraître une série de volumes
curieux de divers formats, imprimés
à un très petit nombre d'exemplaires et non
destinés au commerce de la Nouveauté. Le
Petit-Neveu de Grécourt est le premier de cette
série.
Les couvertures ne porteront aucune indication
de prix.
Le prix net de souscription pour Amateurs
ou Libraires, indistinctement, sera communiqué
par avis individuel. Les Amateurs qui
souscriront par l'entremise des Libraires,
s'entendront avec eux pour la commission à
leur payer en sus du prix net.
Aussitôt parus, les volumes entreront de
plain-pied dans la Librairie ancienne, et le
prix originaire de souscription ne pourra plus
être donné qu'à titre de simple renseignement.
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ou Chèque.
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($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
status with the IRS.
The Foundation is committed to complying with the laws regulating
charities and charitable donations in all 50 states of the United
States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
with these requirements. We do not solicit donations in locations
where we have not received written confirmation of compliance. To
SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
particular state visit http://pglaf.org
While we cannot and do not solicit contributions from states where we
have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
against accepting unsolicited donations from donors in such states who
approach us with offers to donate.
International donations are gratefully accepted, but we cannot make
any statements concerning tax treatment of donations received from
outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
ways including checks, online payments and credit card donations.
To donate, please visit: http://pglaf.org/donate
Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic
works.
Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
concept of a library of electronic works that could be freely shared
with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.
Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily
keep eBooks in compliance with any particular paper edition.
Most people start at our Web site which has the main PG search facility:
http://www.gutenberg.org
This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.