The Project Gutenberg eBook of La negress blonde, par Georges Fourest.
The Project Gutenberg EBook of La négresse blonde, by Georges Fourest
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Title: La négresse blonde
Cinquième hypostase, avec soixante-quinze Tatouages de Lucien Métivet
Author: Georges Fourest
Contributor: Henry Gautier-Villars
Illustrator: Lucien Métivet
Release Date: November 19, 2019 [EBook #60739]
Language: French
Character set encoding: UTF-8
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA NÉGRESSE BLONDE ***
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LA NÉGRESSE BLONDE de GEORGES FOUREST, paraît dans sa cinquiesme
hypostase avec 75 tatouages de LUCIEN MÉTIVET, à “LA CONNAISSANCE” qui
édite sous son enseigne, 9, Galerie de la Madeleine, PARIS (8ᵉ). Le
texte et les dessins ont été tirés par L’Hoir, maître-imprimeur à Paris,
les clichés ont été faits par Démoulin.
Il y a eu: 30 exemplaires sur Hollande Van Gelder Zonen filigrané, avec
une suite sur chine.
uy de Maupassant affirmait que Algernon-Charles Swinburne lui semblait
le mortel le plus extravagamment artiste du monde. A présent que le
mortel chantre de l’immortelle Laus Veneris est mort, nous sommes deux
esthètes chauves, trois pelés et quatre tondus—neuf en tout—fondés à
regarder comme le plus extravagamment artiste de nos contemporains, le
nommé Georges Fourest.
Artiste, le poète de la Ballade en l’honneur des poètes falots l’est,
simultanément, à la manière antique et à la manière contemporaine:
argonaute du verbe, jason non pas jaseur mais passionné de rythmes et
évidemment «plein du souffle grec», et explorateur du dernier bateau
(lequel est un bateau ailé), Wright de la subtilité et de la nuance...
Et extravagant, il l’est aussi tout à la fois d’une façon ancienne et
d’une façon moderne. On l’a qualifié d’acrobate preste et cocasse du
cirque lyrique, Foottit merveilleux du vers. Soit! Mais, avant d’être
Foottit, il a ricané sous le pseudonyme de Triboulet; et, premier que
d’être bouffon des Valois, il a gambadé, Ægipan. Déconcertante synthèse,
Georges Fourest exhibe presque en même temps les cornes du bouc, la
marotte chère au jongleur du Roi et le bizarre vêtement-sac où
s’enveloppe l’amuseur de l’arène[A]; il apparaît coup sur coup comme le
Clown, le Fol de cour et le Satyre.{10}
Alliance de l’homme et de la bête, et quasiment dieu, compagnon effronté
et folâtre de Dionysos, ivre plus qu’à demi de chansons, de vin, de
caresses, le Satyre gambade, fringue, cabriole, s’ébaudit. Est-il
terrible, est-il ridicule? Il est (c’est le cas de le dire) biscornu.
Est-il beau, est-il affreux? Il est troublant. Depuis la fourche de ses
pieds jusqu’à la pointe de ses oreilles, il a de l’esprit: esprit
tortueux et tumultueux, âpre et burlesque, raffiné et puéril, savant et
brutal, douloureux et lascif,—et esprit surtout ricaneur, sardonien;
naturellement: esprit satyrique.
De cet esprit-là, le livre où j’ai la gloire de préambuler, abonde,
foisonne, retentit, sonore de crépitations baroques et joviales qui
étonnent parmi la bonne harmonie de tels beaux poèmes tout imprégnés
d’Orphée peut-être et d’Euripide certainement. On s’amuse, on s’étonne,
non sans quelque remords, devant une Phèdre, une Iphigénie, une
Andromaque fantasquement renouvelées, et dans telles autres pièces qui
n’ont pas eu de modèles millénaires et princiers, dans la Singesse,
par exemple, on voit luire et cligner les yeux sarcastiques du capripède
et frétiller sa queue égayante.
Fou qui se sert de sa folie pour nasarder la folie universelle, le Fol
de cour suscite le rire et parfois la peur. Feint-il de se plaire à des
jeux puérils? Soudain il se renfrogne et machine un piège. Prépare-t-il
un tour bouffon? Ne vous esclaffez pas trop tôt: le tour va devenir
macabre. Je vous recommande aussi de ne point «charrier», comme on
disait sous Louis XII, les chaussures du Fol, mi-partie de couleurs
criardes: elles sont adroites, promptes et aiguës comme un pal. Et je
vous conseille, sur toutes choses, de ne vous point gaudir de son
sceptre surmonté d’une tête grotesque et garnie de grelots: il frappe
dur sans que l’on puisse s’indigner des coups à la fois sournois et
impertinents qu’il dispense.{11}
Georges Fourest badine, mais il a compris que la vie est une farce
amère; et s’il fait semblant d’attraper des hannetons, si même il
attrape pour tout de bon quelques-uns de ces coléoptères lamellicornes,
il est moins abstrait que ne le pourrait croire la tribu des critiques
(et celle des mélolonthinés) par un si ingénu passe-temps. La chanson
des grelots, qu’il se targue d’aimer, il l’agrémente de couplets aux
sous-entendus goguenards, il la contrepointe de refrains à double
entente, modulés savamment et perfidement dans une contorsion exquise
des lèvres.
Coiffé comme un astrologue, la tête sur une collerette blanche de
pierrot, le Clown enluminé risque entre deux coq-à-l’âne les sauts les
plus périlleux et sanglote en débitant les fables les plus hilarantes.
Disloqué paradoxal, funambule ahurissant, saltimbanque énigmatique, il
se montre adroit à ce point qu’il peut suggérer qu’il est gauche, lui si
malin qu’il peut—quand il lui plaît—passer pour un lourdaud. Bateleur
élégant, il pince sans rire. Pitre magique, il se fout du peuple.
Comique à froid, il atteint au génie. Et il semble que ce soit lui qui
ait écrit l’Epître Falote et Balnéaire et inventé ces sardines
Sans voix, sans mains, sans genoux,
et ce journaliste paillard, versificateur et pétunomane qui ... se gavait de tripe à la mode de Caen parmi des croque-morts, et ce vieux saint, cet adorable saint qui subit
... deux fois (Saint de chair et saint de bois) Le Martyre pour la foi. {12}
Ainsi, Clown, Fol de cour et Satyre, Georges Fourest personnifie les
trois êtres prestigieux qui représentent à travers les âges le rire
artiste et extravagant.
Le plus singulier de l’histoire—histoire non naturelle vraiment—c’est
que, dans la vie ordinaire, cet Ægipan, ce Triboulet, cet irrésistible
amuseur de Cirque, affecte la tournure hautainement désinvolte, la
prestance cavalcadeuse d’un officier de la garde impériale. Et c’est
sans doute ce qui explique que, de même qu’en les pièces de Plaute, il
est constamment question d’Athènes, du Pirée, de Rhodes, d’Ephèse, de la
Sicile (et que, pourtant, il est notoire que tous les actes de ces
comédies, toutes leurs scènes se passent à Rome), de même il est
manifeste que tous les poèmes de Fourest, tous les décors qu’ils
invoquent, l’île de Tamamourou, le bord du Loudjiji, le Lac des
Libellules, se situent dans l’empire français.
Exotiques ou nationaux, ces poèmes regorgent de beautés et de Beauté.
Cela seul importe.
Le plus vaseux des critiques, l’auteur des samedis littéraires lui-même,
ne pourrait qu’admirer, si jamais il ouvrait ce livre, l’alexandrin de
Georges Fourest, nombreux, rimé dru, assez sonore pour réveiller les
auditeurs gorgés de véronal, de trional, de sulfonal ou d’Ernest Charl.
Parfois, ce vers fait songer, par son bondissement rythmique, aux
meilleures Odes funambulesques, à celle, par exemple, où Théodore de
Banville, échappant à l’obsession de la rime-calembour, traçait
l’inoubliable croquis de «ce groupe essentiel»:
Monsieur Courbet grimpant sur une diligence Et sa barbe pointue escaladant le ciel. {13}
En certaines strophes, la Singesse semble s’apparenter, avec moins de
gaminerie rapinesque et plus de poétique éclat, à cette Négresse du
Parnassiculet qu’hypnotisait de ses coruscations.
Un shako d’artilleur orné d’un pompon vert
Mais pourquoi m’évertuerais-je à lui rechercher des ascendants
littéraires, alors que n’a pas eu de modèle et n’aura pas d’imitateur sa
pompeuse et mirifique et retentissante Epître testamentaire, par
laquelle, évoquant des pompes funèbres insoupçonnées du miteux
Chauchard, le poète ordonne, pour escorter son cercueil, ce «coffre
d’orichalque ocellé de sardoines», un inégalable cortège où les esclaves
d’Orient, les porteurs vêtus de laticlaves jaunes et les bardes édités
chez Messein défilent en compagnie d’une faune peu commune—couaggas,
hircorcerfs, zébus, zèbres, girafes,—luxe d’Empire à la fin de la
Décadence, que pimentent narquoisement des causticités ultra-modernes,
bouffonnes truculences tout à fait dignes d’un Héliogabale des
quat’-z’-arts.
Vieil habitué du Soleil d’or, jamais, de ma demi-mondaine de vie, jamais
je n’oublierai la formidable acclamation qui ébranla les murs du
sous-sol où s’entassaient, chaque semaine, tant de poètes, le jour que
leur fut récitée l’Epître falote et testamentaire pour régler l’ordre
et la marche de mes funérailles. Dans l’opaque fumée de la tabagie en
liesse, les bravos crépitaient furieusement en l’honneur du portelyre
absent dont les strophes se déroulaient avec une ampleur de la plus
grandiloquente cocasserie.
Tous bavaient d’extase: Adolphe Retté, aujourd’hui bénédictin, alors
anarchiste; Rambosson, notoire de par son{14} romantique prénom d’Yvanhoé;
F.-A. Cazals, étranglé d’une haute cravate en spirales, le front barré
d’une mèche à la Delacroix, féroce et loyal «en un frac très étroit aux
boutons de métal». Le piano, hebdomadairement massé par le docteur Le
Bayon, avait cessé ses gémissements coutumiers, et, assoiffés de
lyrisme, les chansonniers eux-mêmes écoutaient; nasillardes clameurs de
Canqueteau, vocalises sopranisées par Montoya, couplets
antigouvernementaux mâchés férocement par Ferny, tout se taisait; on
n’entendait plus, scandée par le récitant, que l’impressionnante
épitaphe:
Ci-gît Georges Fourest; il portait la royale, Tel, autrefois, Armand-Duplessis-Richelieu, Sa moustache était fine et son âme loyale, Oncques il ne craignit la vérole ni Dieu!
Quand le dernier vers eut cessé de bruire, les auditeurs du Soleil d’Or,
les mains brisées à force d’applaudir, les poumons encrassés de
nicotine, jugèrent hygiénique d’extérioriser leurs admirations. De la
Fontaine Saint-Michel à Bullier, le Boulevard se couvrit de
thuriféraires... (le baron Trimouillat, ténorino mégalomane mais
imperceptible, atteint de l’aphonie des grandeurs; l’incohérent Jules
Lévy, dont le rire laissait briller soixante-quatre dents éblouissantes;
Lemice-Térieux-Paul-Masson, raviné de rides comme un cirque lunaire;
Henri Mazel, méridional blond clair, et le lillois X.—paix à ses
gendres—noir et crépu comme un Soudanais; Le Cardonnel, Ernest Raynaud,
Henri Gauthiers-Villars, devenus l’un prêtre, l’autre commissaire de
police, le dernier{15} journaliste)... tous vociférant leur enthousiasme,
tous sacrant Fourest chef d’école (l’Ecole Fourestière), tous chantant,
inlassables, sur un timbre trop connu:
Que mon enterrement soit superbe et farouche, Que les bourgeois glaireux bâillent d’étonnement Et que Sadi-Carnot, ouvrant sa large bouche, Se dise: «Nom de Dieu! Le bel enterrement!» Sur l’air du tra, la, la, la...
Car nous étions ce qu’on est convenu d’appeler la Jeunesse studieuse...
Quamvis ille niger, quamvis tu candidus esses Virgile.
Electro similes auroque capillos. Ovide.
Fulvoque nitet coma gratior auro. Calpurnius.
Et flavicomis radiantia tergora villis. Claudien.
I
Elle est noire comme cirage, comme un nuage au ciel d’orage, et le plumage du corbeau, et la lettre A, selon Rimbaud: comme la nuit, comme l’ennui, l’encre et la suie! Mais ses cheveux, ses doux cheveux soyeux et longs sont blonds, plus blonds{22} que le soleil et que le miel doux et vermeil, que le vermeil, plus qu’Ève, Hélène et Marguerite, que le cuivre des lèchefrites, qu’un épi d’or de Messidor, et l’on croirait d’ébène et d’or La Belle Négresse, la Négresse Blonde!
I
Cannibale mais ingénue elle est assise, toute nue sur une peau de kanguroo, dans l’île de Tamamourou! Là, pétauristes, potourous, ornithorrynques et wombats, phascolomes prompts au combat, près d’elle prennent leurs ébats! Selon la mode Papoua, sa mère, enfant la tatoua: en jaune, en vert, en vermillon, en zinzolin, par millions, oiseaux, crapauds, serpents, lézards, fleurs polychromes et bizarres, chauves-souris, monstres ailés, laids, violets, bariolés,{23} sur son corps noir sont dessinés. Sur ses fesses bariolées on écrivit en violet deux sonnets sibyllins rimés par le poète Mallarmé, et sur son ventre peint en bleu fantastique se mord la queue un amphisbène. L’arête d’un poisson lui traverse le nez; de sa dextre aux doigts terminés par des ongles teints au henné, elle caresse un échidné, et parfois elle fait sonner en souriant d’un air amène à son col souple un beau collier de dents humaines, La Belle Négresse, la Négresse blonde!
I
Or des Pierrots, de blancs Pierrots, de doux Pierrots blancs comme des poiriers en fleurs, comme la fleur des pâles nymphéas sur l’eau, comme l’écorce des bouleaux, comme le cygne, oiseau des eaux, comme les os d’un vieux squelette,{24} blancs comme un blanc papier de riz, blancs comme un blanc Mois-de-Marie de doux Pierrots, de blancs Pierrots dansent le falot boléro, la fanfulla, la bamboula, éperdument au son de la maigre guzla, autour de la Négresse blonde.
I
Parfois un Pierrot tombe, alors, brandissant un scalpel en or et riant un rire sonore, un triomphant rire d’enfant, vainqueur, moqueur et triomphant, en grinçant, la négresse fend la poitrine de l’enfant blême et puis scalpe l’enfant blême, et, de ses dents que le bétel, teint en ébène, bien vite elle mange le cœur et la cervelle, sans poivre, ni sel! Ah! buvant—suave liqueur!— le sang tout chaud, cervelle et cœur, elle dévore tout, et moi, Négresse, je t’apporte ici mon cœur et ma cervelle aussi, mon foie itou,{25} et bâfre tout, trou laï tou! car sans mentir, j’ai proclamé que dans ce monde, laid, sublunaire et terraqué et détraqué, pour qui n’est pas un paltoquet comme Floquet[B] seule fut digne d’être aimée, la blonde Négresse, la Négresse blonde!...
Quid dignum stolidis mentibus imprecet? Opes honores ambiant! Et, quum falsa gravi mole paraverint Tum vera cognoscant bona!
S. Boetius.
(De consolatione philosophiæ, Lib. III)
Bourgeois hideux, préfets, charcutiers, militaires, gens de lettres, marlous, juges, mouchards, notaires, généraux, caporaux et tourneurs de barreaux de chaise, lauréats mornes des Jeux Floraux, banquistes et banquiers, architectes pratiques metteurs de Choubersky dans les salles gothiques, dentistes, oyez tous!—Lorsque je naquis dans mon château crénelé, j’avais trois mille dents et des favoris bleus: on narre que ma mère (et croyez que ceci n’est pas une chimère!) m’avait porté sept ans entiers. Encore enfant j’assommai d’une chiquenaude un éléphant. Chaque jour, huit pendus à face de Gorgone grimaçaient aux huit coins de ma tour octogone, et j’eus pour précepteur cet illustre Sarcey qui semble un fruit trop mûr de cucurbitacé,{30} mais qui sait tout, ayant lu plusieurs fois Larousse! Mon parrain se nommait Frédéric Barberousse. Quand j’atteignis quinze ans, le Cid Campeador, pour m’offrir sa tueuse et ses éperons d’or, sortit de son tombeau; d’une voix surhumaine: «—Ami, veux-tu coucher, dit-il, avec Chimène!» Moi, je lui répondis: «Zut!» et «Bran!» Par façon de divertissement, d’un coup d’estramaçon j’éventrai l’Empereur; puis je châtrai le Pape et son grand moutardier; je dérobai sa chape d’or, sa tiare d’or et son grand ostensoir d’or pareil au soleil vermeil dans l’or du soir! Des cardinaux traînaient mon char, à quatre pattes, et je gravis ainsi, sept fois, les monts Karpathes. Je dis au Padishah: «Vous n’êtes qu’un faquin!» Pour ma couche, le fils de l’Amoraboquin m’offrit ses trente sœurs et ses quatre-vingts femmes et je me suis grisé de voluptés infâmes parmi les icoglans du grand Kaïmakan! Les Boyards de Russie au manteau d’astrakan décrottaient mes souliers. L’Empereur de la Chine, pour monter à cheval me prêtant son échine osa me dire un mot sans ôter son chapeau: je l’écorchai tout vif et revendis sa peau très cher à Félix Faure! Encore qu’impubère (on me voit tous les goûts de feu César Tibère) je déflorai la sœur de Taïkoun; je crois qu’il voulut rouspéter: je fis clouer en croix ce bélître, piller, huit jours, sa capitale et dévorer son fils par un onocrotale!{31} Ayant sodomisé Brunetière et Barrès, j’exterminai les phansegars de Bénarès! A Byzance qu’on nomme aussi Constantinople, ô Mahomet, je pris ton drapeau de sinople pour m’absterger le fondement et j’empalais chaque soir, un vizir au seuil de mon palais! Ma dague, messeigneurs, n’est pas fille des rues: elle a trente-et-un jours dans le mois ses menstrues! En pissant j’éteignis le Vésuve et l’Hekla; le mont Kinchinjinga devant moi recula! Voulant un héritier, sur les bords du Zambèze Où nage en reniflant l’hippopotame obèse, dans la forêt, séjour du mandrill ou nez bleu, sous le ciel coruscant et les rayons de feu d’un soleil infernal que le Dyable tisonne, j’eus quatorze bâtards jumeaux d’une Amazone. Parmi ces négrillons j’élus, pour mettre à part, le plus foncé, jetant le reste à mon chat-pard! La Reine de Saba, misérable femelle, voulut me résister: je coupai sa mamelle senestre pour m’en faire une blague et, depuis, je fis coudre en un sac et jeter en un puits la fille d’un rajah parce que son haleine était forte et je fus aimé d’une baleine géante au Pôle Nord (palsambleu! c’est assez pervers, qu’en dites-vous? l’amour des cétacés!) Fort peu de temps avant que je ne massacrasse l’affreux Zéomébuch et tous ceux de sa race, dans la jungle où saignaient des fleurs d’alonzoas je dévorai tout crus huit cent mille boas,{32} et je bus du venin de trigonocéphale! La rafale hurlait! je dis à la rafale: «—Qu’on se taise! ou mordieu!..»... La rafale se tut! Répondez! Répondez, bonzes de l’Institut: mon Quos ego vaut-il celui du sieur Virgile? Or—j’atteste ceci la main sur l’Evangile!— un matin, il me plut de descendre en enfer avant le déjeuner; mon cousin Lucifer me reçut noblement et me donna mille âmes de Juifs à torturer! Ensemble nous parlâmes, politique, beaux-arts, et caetera, je vis qu’il avait du bon sens: il fut de mon avis en tout; et j’urinai dans les cent trente bouches du grand Baal-Zebub, archi-baron des mouches! L’Océan Pacifique a vu plus d’une fois, son flux et son reflux s’arrêter à ma voix! A ma voix, les pendus chantaient à la potence... Or, ayant tout rangé sous mon omnipotence, les Rois, les Empereurs, les Dieux, les Eléments, servi par les sorciers et par les nécromants, je compris que la vie est une farce amère et, pensif, conculcant les cinq mondes vautrés à mes pieds, je revins, près de ma vieille mère, deviner les rébus des journaux illustrés!
Nargue Legrand-du-Saulle et sois un Grand-du-Cèdre. X. Flumen.
Il hurlait: «Mon nombril est un chrysobéryl! «mon corps est serti de feldspath et d’argyrose, «ma couche est le pistil entr’ouvert d’une rose «et c’est d’or pur que ZEUS fit mon membre viril![C]
«Mon père l’IBIS NOIR et ma mère l’ÉTOILE «Gamma du Petit-Chien dorment sur le Liban: «voilà pourquoi je hais l’infâme Caliban; «à quatorze ans j’entrai chez un marchand de toiles{36} «peintes! Cet homme-là ne fut qu’un propre à rien! «Nabuchodonosor!!! ô quel Assyrien!!! «Moi! j’ai des cornes de Licorne dans la bouche!
«Gazelle de sinople aux juillets pluvieux!...» Et, comme il achevait, le médecin, un vieux rasé, dit au gardien: Qu’on le mène à la douche!
Itaque multi extitere qui non nasci optimum senserent aut quam citissime aboleri. Pline l’ancien.
Père, qui m’engendras du tarse au métacarpe malgré Schopenhauer et la loi de Malthus; toi, mon appartement lorsque j’étais fœtus, ma Mère;—et toi, Parrain, dénommé Polycarpe;
Maître qui m’enseignas, ô merci, que la carpe est un cyprinoïde et qu’en latin hortus traduit le mot jardin; Flamande sans astuce,[D] nourrice au lait crémeux, simple enfant de la Scarpe;{38} prêtre, qui m’aspergeas de l’eau du baptistère et par qui je connus (sublime et doux mystère!) vers l’âge de douze ans, la saveur du Sauveur,
hélas! ne pouviez-vous, me prenant par l’échine, quand je bavais, môme gluant, déjà rêveur, m’offrir à des cochons, comme l’on fait en Chine?
Africain et gastronomique ou (plus simplement) repas de famille
Prenez et mangez: ceci est mon corps.
Au bord du Loudjiji qu’embaument les arômes des toumbos, le bon roi Makoko[E] s’est assis. Un m’gannga tatoua de zigzags polychromes sa peau d’un noir vineux tirant sur le cassis.
Il fait nuit: les m’pafous ont des senteurs plus frêles; sourd, un marimeba vibre en des temps égaux; des alligators d’or grouillent parmi les prêles, un vent léger courbe la tête des sorghos;{40} et le mont Koungoua rond comme une bedaine, sous la Lune aux reflets pâles de molybdène, se mire dans le fleuve au bleuâtre circuit.
Makoko reste aveugle à tout ce qui l’entoure: avec conviction ce potentat savoure un bras de son grand-père et le juge trop cuit.
Que fait pourtant un pauvre ivrogne? Il se couche et n’occit personne! Olivier Basselin.
Let us have wine: and women, mirth and laughter: Sermons and soda-water the day after! Man, being reasonable, must get drunk: The best of life is but intoxication! Lord Byron.
Gin! Hydromel! Kummel! Whisky! Zythogala! J’ai bu de tout! parfois soûl comme une bourrique! l’Archiduc de Weimar jadis me régala d’un vieux Johannisberg à très cher la barrique!
Dans le crâne scalpé du sachem Ko-Gor-Roo Boo-Loo, j’ai puisé l’eau des torrents d’Amérique! Pour faire un grog, vive l’acide sulfurique! Tout petit je suçai le lait d’un kanguroo![F]{42} (Mon père est employé dans les pompes funèbres: c’est un homme puissant! J’attelle quatre zèbres à mon petit dog-cart et je m’en vais au trot!)
Or, aujourd’hui noyé de Picons et d’absinthes je meurs plus écœuré que feu Jean des Esseintes: Mon Dieu! n’avoir jamais goûté de vespetro!
L’Extrême-Orient s’européanise de plus en plus: l’Inde, le Japon, la Chine, la presqu’île Indochinoise dévorent aujourd’hui nos romans et nos brochures. Télesphore Coulaud, juge de paix.
Emmi les hauts roseaux, les rotangs et les joncs que réfléchit l’étang mauve où nagent les cyprins, la frêle Hadja-Sari, fille des mandarins au teint jaune citrin navigue dans sa jonque;
la salangane vole, effroi des moucherolles[G] à son nid de fucus, potage expectatif; un friselis frivole affole les corolles des lotus fiers d’avoir Loti pour génitif.{44}
On entend miauler un tigre dans les jungles. Or, de ses doigts menus que terminent des ongles pointus, Hadja-Sari, princesse de Bangkok,
avec un geste mièvre et des mines jolies feuillette, abandonnant la rame à ses coolies un roman très cochon que signa Paul de Kock.
que les amateurs de plaisanterie facile proclameront le plus beau du recueil
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Nemo (Nihil, cap. 00).
31 février 53490.
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I cannot conceive you to be human creatures but a sort of species hardly a degree above a monkey, who has more diverting tricks than any of you, and is an animal less mischievous and expensive.
Swift (Letter to a very young lady).
Donc voici! Moi, poète, en ma haute sagesse Respuant l’Ève à qui le Père succomba, J’ai choisi pour l’aimer une jeune singesse Au pays noir dans la forêt de Mayummba.
Fille des mandrills verts, ô guenuche d’Afrique, Je te proclame ici la reine et la Vénus Quadrumane, et je bous d’une ardeur hystérique Pour les callosités qui bordent ton anus.
J’aime ton cul pelé, tes rides, tes bajoues Et je proclamerai devant maintes et maints, Devant M. Reyer, mordieu, que tu ne joues Oncques du piano malgré tes quatre mains;
Et comme Salomon pour l’enfant sémitique, La perle d’Issachar offerte au bien-aimé, J’entonnerai pour toi l’enamouré cantique, O ma tour de David, ô mon jardin fermé...{50}
C’était dans la forêt vierge sous les tropiques Où s’ouvre en éventail le palmier chamœrops; Dans le soir alangui d’effluves priapiques Stridait, rauque, le cri des nyctalomerops:
L’heure glissait, nocturne, où gazelles, girafes, Couaggas, éléphants, zèbres, zébus, springbocks[I] Vont boire aux zihouas sans verres ni carafes, Laissant l’homme pervers s’intoxiquer de bocks;
Sous les cactus en feu tout droits comme des cierges Des lianes rampaient (nullement de Pougy); Autant que la forêt, ma Singesse était vierge; De son sang virginal l’humus était rougi.
Le premier, j’écartai ses lèvres de pucelle En un rut triomphal, oublieux de Malthus, Et des parfums salés montaient de son aisselle Et des parfums pleuvaient des larysacanthus;
Elle se redressa, fière de sa blessure, A demi souriante et confuse à demi; Le rugissement fou de notre jouissure Arrachait au repos le chacal endormi.
Sept fois je la repris, lascive: son œil jaune Clignotait, langoureux, tour à tour, et mutin; La Dryade amoureuse aux bras du jeune Faune A moins d’amour en fleurs et d’esprit libertin!{51}
Toi, Fille des humains, triste poupée humaine Au ventre plein de son, tondeuse de Samson, Dalila, Bovary, Marneffe ou Célimène, Contemple mon épouse et retiens sa leçon;
Mon épouse est loyale et très chaste et soumise Et j’adore la voir, aux matins ingénus, Le cœur sans artifice et le corps sans chemise, Au soleil tropical, montrer ses charmes nus;
Elle sait me choisir ignames et goyaves; Lorsque nous cheminons par les sentiers étroits, Ses mains aux doigts velus écartent les agaves, Tel un page attentif marchant devant les rois,
Puis, dans ma chevelure, oublieuse du peigne, Avec précaution elle cherche les poux, Satisfaite, pourvu que d’un sourire daigne La payer une fois, le Seigneur et l’Epoux.
Si quelque souvenir de soûleur morte amasse Des rides sur mon front que l’ennui foudroya, Pour divertir son maître elle fait la grimace, Grotesque et fantastique à délecter Goya!
Un étrange rictus tord sa narine bleue, Elle se gratte d’un geste obscène et joli La fesse, puis s’accroche aux branches par la queue En bondissant, Foottit, Littl-Tich, Hanlon-Lee!{52}
Mais soudain la voilà très grave! Sa mimique Me dicte et je sais lire en ses regards profonds Des vocables muets au sens métaphysique, Je comprends son langage et nous philosophons.
Elle croit en un Dieu par qui le soleil brille, Qui créa l’univers pour le bon chimpanzé Puis dont le Fils Unique, un jour s’est fait gorille Pour ravir le pécheur à l’enfer embrasé!
Simiesque Javeh de la forêt immense, O Zeus omnipotent de l’Animalité, Fais germer en ses flancs et croître ma semence, Ouvre son utérus à la maternité.
Car je veux voir, issus de sa vulve féconde, Nos enfants libérés d’atavismes humains Aux obroontchoas, que la serpe n’émonde Jamais, en grimaçant grimper à quatre mains!...
Et dans l’espoir sacré d’une progéniture Sans lois, sans préjugés, sans rêves décevants, Nous offrons notre amour à la grande nature, Fiers comme les palmiers, libres comme les vents!!!
Sardines à l’huile fine sans têtes et sans
arêtes.
(Réclame des Sardiniers, passim).
Dans leur cercueil de fer blanc plein d’huile au puant relent marinent décapités ces petits corps argentés pareils aux guillotinés là-bas au champ des navets! Elles ont vu les mers, les côtes grises de Thulé, sous les brumes argentées, la Mer du Nord enchantée... Maintenant dans le fer blanc et l’huile au puant relent, de toxiques restaurants les servent à leurs clients!— Mais loin derrière la nue leur pauvre âmette ingénue dit sa muette chanson au Paradis-des-poissons,{56} une mer fraîche et lunaire pâle comme un poitrinaire, la Mer de Sérénité aux longs reflets argentés où, durant l’éternité, sans plus craindre jamais les cormorans et les filets, après leur mort nageront tous les bons petits poissons!...— sans voix, sans mains, sans genoux,[J] Sardines, priez pour nous!...
Oserai-je, Oscar, rappeler ici tous tes crimes? Vois, le peu que j’en ai dit révolte déjà mon sensible lecteur.
Ducray-Duminil.
..... Marie la Magdeleine folle vie mena et orde la dame de miséricorde la rappelle puis vint arrière. Et fu à Dieu bonne et entière.
Rutebeuf (La Vie de Saint-Marie-Égyptianne).
Il avait violé sa sœur, coupé sa mère en tout petits morceaux: jugeant la vie amère et se voulant donner quelque distraction il servit à son père une décoction vénéneuse, du foie et des reins ennemie (car il avait beaucoup potassé la chimie): cette mixture fit mourir le doux vieillard. Il était mal poli, journaliste, paillard, trichait au jeu, faisait des vers, fumait la pipe dans la rue, et, le soir, il se gavait de tripe{58} à la mode de Caen parmi les croque-morts. D’ailleurs il n’éprouvait pas l’ombre d’un remords et vivait très correct et très digne et coulait de bien beaux jours (comme feu M. Paul Déroulède). Mais Dieu possède un DOIGT et l’immoralité ne saurait échapper à la fatalité... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un matin, comme il avait fait la grande fête un pot de réséda lui tomba sur la tête, et le Seigneur l’admit au Paradis profond car il était plus vif que méchant dans le fond!...
Dans notre église autrefois, il était un saint de bois: l’air bonasse et vénérable, taillé dans un tronc d’érable, à coups de hache, il avait écouté plus d’un ave montant vers lui du pavé; tout vermoulu, tout cassé, le Bon Dieu le connaissait bien et toujours l’exauçait.—
A vêpres quand s’allumaient les cierges qui tremblottaient, un peu gourmand, il humait le bon encens qui fumait dans l’encensoir parfumé; sur toute chose il aimait{60} aux beaux soirs du mois de Mai les belles roses de Mai devant l’autel embaumé; et quand Noël ramenait les petits bergers frisés, soëf, il amignottait Jésus, le doux nouveau-né. Puis dans l’église fermée où les vitraux s’éteignaient, lentement il s’endormait priant, pour nos trépassés, le Bon Dieu qui l’exauçait!
Mais de Paris est venu, hideux comme un parvenu, tout neuf et peinturluré un saint de plâtre doré, un affreux saint qu’ils ont mis dans la niche où tu dormis, ô vieux saint, mon vieil ami, et les sans-cœur ont brûlé en disant: Il est trop laid! ton pauvre corps d’exilé.
Mais, vieux saint je te promets que je ne prierai jamais l’intrus, mais toujours à toi s’en iront mes vœux, à toi,{61} père, qui subis deux fois (saint de chair et saint de bois) le martyre pour la foi, et quand je mourrai, c’est toi qui porteras dans les cieux mon âme aux pieds du Bon Dieu... mission de confiance, je l’ose dire.
.... car la musique est douce, Fait l’âme harmonieuse et, comme un divin chœur, Éveille mille voix qui chantent dans le cœur! V. H.
Musica me juvat ou delectat. (Lhomond, Grammaire latine.)
Les pianos des casinos aux bains de mer font rêver les poissons qui nagent dans la mer, car (tous les érudits le savent, de nos jours) ils sont muets, c’est vrai, mais ils ne sont pas sourds!
Tout d’abord ils s’étonnent; roulant des yeux peureux: —«Peut-être bien qu’il tonne?» songent-ils à part eux.—
Mais vite ils se rassurent et voyant que nul éclair ne fulgure, Ils battent la mesure avec leur queue?{63}
Les sardinettes réjouies pour ouïr ouvrant leurs ouïes dansent la ronde, toute la nuit. Un grondin gronde: —Allez dormir avec ce bruit! Mais les bars indulgents sourient à cette danse et jugeant que ce sont jeux innocents, ils marquent la cadence avec leur queue!
Les pianos des casinos aux bains de mer amusent les poissons qui nagent dans la mer! Sonate en ré (mi, fa, sol, ré) plus d’une jeune raie langoureuse voudrait être au moment du frai, car elle se sent l’âme pleine d’épithalames! Romance en sol do, mi, fa, sol: (la Romance du saule) plus d’une jeune sole pose pour Doña Sol, cependant que{64} les maquereaux galants et les petits merlans
doux et dolents admirent leur tournure, et battent la mesure avec leur queue!
Les pianos des casinos aux bains de mer font rêver les poissons qui nagent dans la mer! Digue, don, don! C’est Offenbach! digue, dondaine! et non plus Bach! Joyeux, bon prince, levant la pince, le homard pince un rigodon! Digue, dondaine! Digue, dondon! mais—horreur!—n’est-ce pas un air de l’Africaine? Saisi d’un tremblement convulsif, le homard songe à l’Américaine affreux pressentiment! Mais vite il se rassure et jugeant que les pêcheurs sont couchés, il marque la mesure avec sa queue!{65}
Les pianos des casinos aux bains de mer amusent les poissons qui nagent dans la mer!...., Et puis, lorsque l’automne ferme les casinos, ah! les pauvres poissons trouvent bien monotones les nuits sans pianos...., et dans leur souvenance cherchant un air qui fuit, ils nagent en cadence mais pleins d’ennui!
O chrysanthèmes, fleurs d’or, Fleurissez les pauvres morts; chrysanthèmes, fleurissez pour les pauvres trépassés... Mais sous la terre enfermés, ils ne connaîtront jamais vos pétales embaumés[K]: dans leurs tristes monuments las! ils verront seulement vos racines: c’est pourquoi, sentimental, à part moi, je songe, ô vivants pieux, que peut-être il vaudrait mieux planter sous les cyprès verts les fleurs des morts à l’envers!
Après avoir vidé et nettoyé vos boyaux, coupez-les en filets de 25 centimètres auxquels vous joindrez du lard maigre coupé aussi en filets.
Mˡˡᵉ Rosalie Blanquet.
(La Cuisinière des ménages, partie III, cap. V).
Quand j’étais tout petit, nous dînions chez ma tante le jeudi soir; papa la jugeait dégoûtante à cause d’un lupus qui lui mangeait le nez: ce m’est un souvenir si doux que ces dîners! Après le pot-au-feu, la bonne, Marguerite, apportait le gigot avec la pomme frite classique, et c’était bon! je ne vous dis que ça! Chacun jetait son os à la chienne Aïssa,{68} Moi, ce que j’aimais bien, c’est l’andouille de Vire; je contemplais (ainsi que Lamartine, Elvire) sur mon assiette à fleurs les gros morceaux de lard, et je roulais des yeux béats de papelard et ma tante disait: «Mange donc, niguedouille!» O Seigneur, bénissez ma tante et son andouille!
Tous nos malheurs viennent de ne sçavoir demeurer enfermez dans une chambre. Blaise Pascal.
Dans leur cahute enfumée bien soigneusement fermée les braves petits Lapons boivent l’huile de poisson!
Dehors, on entend le vent pleurer; les méchants ours blancs grondent en grinçant des dents, et depuis longtemps est mort le pâle soleil du Nord! Mais dans la hutte enfumée bien soigneusement fermée, les braves petits Lapons boivent l’huile de poisson...
Sans rien dire ils sont assis, père, mère, aïeul, les six enfants, le petit dernier bave en son berceau d’osier[L];{70} leur bon vieux renne au poil roux les regarde, l’air si doux! Bientôt ils s’endormiront et demain ils reboiront la bonne huile de poisson, et puis se rendormiront et puis un jour ils mourront!
Ainsi coulera leur vie monotone et sans envie!.... et plus d’un poète envie les braves petits Lapons buveurs d’huile de poisson!
Une rose d’automne est plus qu’une autre exquise. Agrippa d’Aubigné.
L’ombre et l’abîme ont un mystère Que nul mortel ne pénétra; C’est Dieu qui leur dit de se taire Jusqu’au jour où tout parlera. V. Hugo.
Les jardins ont perdu leurs robes éburnales, Eden trois fois béni d’où nous fûmes chassés, Pourpre sainte attestant la blancheur des annales, Ces roses de la Nuit chantent les trépassés;
Les trépassés là-bas qui dorment dans leur bière Sous l’obscène pâleur du seul magnolia; Reviendras-tu sécher les pleurs de nos paupières, Toi, l’immortel Amour que la Mort oublia!
De l’immortel Amour à la Mort immortelle, Supplice qu’il rêva sous la Nuit du recueil{72} A quitter le séjour, au jour, nous dira-t-elle, Ce beau lac d’hydrargyre où vogue le cercueil?
Car le ciel est livide au lac des libellules Et dans les noirs couvents où dorment les vieux ifs, Les Vierges à genoux dans le froid des cellules Mouillent le Crucifix de longs baisers lascifs.....
Les jardins ont perdu leurs robes éburnales, Eden trois fois béni dont nous fûmes chassés! Pourpre sainte attestant la blancheur des annales, Les Roses de la Nuit chantent les trépassés.....
Eau bienfaisante! Puissant secours Qui nous exempte De maux si lourds. A. Pommier.
Savary, joyeux compagnon Africain, Gascon, Bourguignon Qui vis joyeux loin des Quarante Au pays de ces nobles ducs Qu’en ses bouquins un peu... caducs Célébra Môssieur de Barante.
Bourguignon, mais fils de Paris, Prince du rire et des houris Contemnant le singe et le pitre, Mon bon vieux, il me plaît, ce soir De t’envoyer, sans plus surseoir, Une ode habillée en épître!...
Donc, chaque jour plus avachi, Je me trimballe dans Vichy{78} Où des Messieurs jaunes d’ictère Aux dames de même couleur Exposent les phases de leur Goutte (civile ou militaire!)
De Guéret, de Poulocondor, Du Brésil où vit le condor, Ducs, fabricants de margarines, Cabotins, bourgeois saugrenus, Comme une trombe, ils sont venus Faire analyser leurs urines.
Il en vient de Costa-Rica, Des bords du lac Titicaca, De Pontoise et de Pampelune Et de Bucarest et de Brest Et je veux n’être plus Fourest S’il n’en tombe aussi de la Lune!
Barons juifs, entasseurs d’écus, Epiciers chauves et cocus Et généraux de Bolivie Ostentent d’un air convaincu Leur bedaine et leur trou du cul Aux doucheurs dont l’âme est ravie.
Les uns dolents du pancréas Rimeraient à Jean Moréas D’autres (Larbeau leur soit propice!) Ayant du sucre en leur pipi{79} Semblent moins des pommes d’api Que des morceaux de pain d’épice.
Le soir, au casino, des tas De Mercadets et de rastas Ouvrent la banque où l’on trébuche Rubis aux doigts, gilet trop neuf, Ils savent l’art d’abattre Neuf En donnant au ponte une bûche!
Cependant que des avocats Croassant comme des choucas Mènent au concert leurs femelles Dont le... bas-fond saigne encor du Terrible effort d’avoir pondu Quinze mômes affreux comme elles!
Or, ce que peut œuvrer parmi Tous ces Pécuchets, ton ami, Dis-moi, vieux frangin, que t’en semble? Sinon rêver aux jours (lointains Hélas!) où les doux Philistins Dans Paris nous verront ensemble?
Ah! ces beaux jours, quand luiront-ils Où, tenant des propos subtils, Aux bourgeois taillant des croupières, Nous jetterons au nez d’Homais Nos rimes d’or sans que jamais S’appesantissent nos paupières!{80}
Car il sied ne parler qu’en vers: Comme un digne bourgeois d’Anvers Soigne une tulipe et l’arrose, Nobles jardiniers, cultivons La fleur mystique et réservons Aux maraîchers la vile prose!
Des vers! des vers! et c’est pourquoi Si tu veux qu’on te laisse coi Siroter près d’une crédence Ton vieux. Beaune, sache qu’il faut Sans rémission ni défaut Épistoler et d’abondance!...
Et puis, t’ayant serré la main, Je vais ronfler jusqu’à demain: Le ciel, en son omnipotence, Nous inspirant maint beau sonnet Toujours nous préserve d’Ohnet, De la grippe et de la potence!
Le palais de Gormaz, comte et gobernador, est en deuil: pour jamais dort couché sous la pierre l’hidalgo dont le sang a rougi la rapière de Rodrigue appelé le Cid Campeador.
Le soir tombe. Invoquant les deux saints Paul et Pierre, Chimène, en voiles noirs, s’accoude au mirador et ses yeux dont les pleurs ont brûlé la paupière regardent, sans rien voir, mourir le soleil d’or...{84}
Mais un éclair, soudain, fulgure en sa prunelle: sur la plazza, Rodrigue est debout devant elle! Impassible et hautain drapé dans sa capa,
le héros meurtrier à pas lents se promène: «Dieu!» soupire à part soi la plaintive Chimène «qu’il est joli garçon, l’assassin de papa!»
Quoi! le sang d’une fille innocente était nécessaire au départ d’une flotte et au succès d’une guerre.
Joseph de Maistre. (Sur les Sacrifices, II.)
Les vents sont morts: partout le calme et la torpeur et les vaisseaux des Grecs dorment sur leur carène qui cinglaient vers l’Asie au pourchas de la reine Hélène que ravit Pâris, l’hôte trompeur.
Ivre d’une fureur qu’Ulysse en vain réfrène, Agamemnon, le roi des rois, l’homme sans peur, déplore en maudissant la mer toujours sereine qu’on n’ait pas inventé les bateaux à vapeur.{91}
Mais sa fille, à ses pieds, la douce Iphigénie, fermant ses yeux dolents de douceur infinie s’endort comme les flots dans le soir étouffant...
Lors, ayant dégaîné son grand sabre, le maître des peuples et des rois jugule son enfant et braille: «Ça fera baisser le baromètre!»
..... il n’ira jamais plus loin qu’Andromaque. Mᵐᵉ de Sévigné.
Ayant mis sa culotte neuve, ses gants blancs et son frac aussi, Pyrrhus vient chez madame veuve Andromaque et lui dit ceci:
«Madame, je suis ce qu’on nomme, «en tous lieux, un parti charmant: «poli, rangé, doux, économe, «sobre, assez bien physiquement;
«bachelier, très homme du monde, «en mes propos, toujours décent; «ma fortune? solide et ronde: «toute immeubles et trois pour cent;{93} «On vante mes façons amènes; «très propre, jamais un faux-col «ne me fait plus de trois semaines; «pas joueur, et quant à l’alcool,
«je n’aime que la camomille! «chacun sait (dans le monde entier) «que je suis de bonne famille «et de plus roi, de mon métier,
«prince de toutes les Épires, «ville, champs, banlieue et faubourg: «eh! eh! mon sort n’est pas des pires «(excusez ce vieux calembour!)
«Dans ces conditions, Madame, «j’ose demander votre main: «vous me l’accordez? Oui? Bédame! «sans attendre jusqu’à demain
«et sans chercher plus de mystère, «voulez-vous accepter mon bras «et nous trotter chez mon notaire «pour signer nos petits contrats?
«Nous serons un couple modèle; «mais ne me faites pas cocu, «ou mordieu! petite infidèle, «nous saurons vous botter le cul!»{94}
Alors, roulant des yeux d’hyène, comme prise d’un vertigo, —«Jour de Dieu!» rugit la Troyenne, «Oser me parler conjungo,
«à moi, la veuve inconsolable «d’Hector, ce héros des héros, «près de qui (ce n’est une fable!) «tous les héros sont des zéros;
«et qu’un jour les marchands de cartes «nommeront valet de carreau! «Eh mais! je crois que tu t’écartes «du respect! T’épouser, maraud!
«L’ami, pour couver cette idée, «C’est-il pas que vous êtes bu? «Vous ne m’avez pas regardée? «Merdre!» dirait le père Ubu!»
—«Ah!» reprend Pyrrhus en colère, «oui-da! la belle, c’est ainsi! «Vous m’envoyez faire lanlaire, «carogne, eh bien! oyez ceci:
«Vous avez un môme, un bel ange, «que jusqu’ici j’ai supporté, «bien qu’il piaille, gâte son lange «et pisse avec fétidité;{95}
«eh bien! vous, madame sa mère, «—écoutez bien encore un coup!— «suivez-moi chez monsieur le maire, «ou, demain, je lui tords le cou!.....»
Mais ici, ma foi, ça s’embrouille (justement, c’était le plus beau!) attendez..... la dame a la trouille..... et va..... consulter un tombeau.....
Hermione..... Pylade..... Oreste..... fureurs..... et zut! achetez sous l’Odéon, pour savoir le reste, un Racine à trente-cinq sous!.....
Aux quinze-vingts le vieil Homère et toi, cascade, Hortense, ma fille.
J. Vallès.
Idéal manchot des constipés architectes sortis «premiers» de l’École-des-vilains-Arts, Paros mal retrouvé par les benêts hasards réduction colas pour mâcheurs de Pandectes;
plâtre durci sur la tronche pleine d’insectes des petits Italos; rossignol des bazars; nulle en bizarre et bon nanan des vieux busards chez Balandard, sur la pendule où tu t’objectes;{105} Paganisme des quincailliers! Bronze en toc! zinc! sache que les adorateurs de Lao-Tzeng, ceux qu’un magot, poussah falot, séduit et botte,
o mijaurée, ont renversé ton piédestal et qu’ils ont mis dans un Panthéon de cristal ta sœur négresse aux longs tétons, la Hottentote!!!
Le long des parapets tout argentés de brumes, Vraiment je ne sais plus pourquoi je remarquai Ce banal in-dix-huit parmi tant de volumes Endormis comme lui dans les boîtes du quai;
Lamentable bouquin! voyez: le dos se casse, Le soleil tord les plats que l’averse a mouillés; On a, sans aucun soin, gratté la dédicace Et le vent de la scène emporte des feuillets.
C’est un livre de vers: jadis par les allées Du Luxembourg vernal où chantaient les lilas Comme il vous pourchassait gaiement, strophes ailées, Ce poète chanteur alerte et jamais las!{110}
Fou d’épithète rare, et de rythme et de rime, D’allitération, de consonnes d’appui, Il n’apercevait point (irrémissible crime!) Putanettes en fleurs, vos yeux fixés sur lui!
Et comme il se dressait en dompteur de chimère Et comme il agitait son crâne chevelu, Ce jour, cet heureux jour où l’éditeur Lemerre Lui dit: «Monsieur Ledrain, jeune homme, vous a lu;
«Vos vers le satisfont. Casquez, et je publie!» Oh! mots harmonieux! le murmure embaumé Des forêts où l’aveu d’une lèvre jolie Peut-être, en ce moment, ne l’eût point tant charmé!
Oh! tu n’espérais point, je le sais, bon jeune homme, Non! tu n’espérais point le foudroyant succès Qui du soir au matin fait l’auteur qu’on renomme De l’inconnu d’hier, mais au moins tu pensais
(D’ailleurs peu soucieux de vulgaires tapages) Qu’une femme, un poète, un couple d’amoureux, Peut-être... un chroniqueur feuilletteraient ces pages Et scanderaient ces vers que tu rimais pour eux.
Hélas! Monsieur Ledrain fut ton lecteur unique; Ton bouquin resta vierge au passage Choiseul... Nulle main n’entr’ouvrit cette jaune tunique Dont la brocheuse a fait son lange et son linceul!{111}—
Est-il mort, aujourd’hui, l’auteur de ces poèmes? Aigri, désespéré, faiseur de mots méchants, A-t-il grossi le flot des sordides bohêmes? Non! laissez-moi penser qu’il regagna ses champs,
Sa maison de province où toute chose est douce, L’enclos où le glaïeul fleurit auprès du chou; Il végète comme eux sans heurt et sans secousse, Adipeux et béat, tel un poussah mandchou!
Critique au Moniteur de la Sous-Préfecture, Il préside là-bas de vagues JEUX FLORAUX, Déplore les excès de la littérature Et flétrit les auteurs de romans immoraux;
Le ruban violet orne sa boutonnière Et lui qui se posait naguère en Charles Moor, Il couche maintenant avec sa cuisinière S’avouant satisfait d’un ancillaire amour.
Chaque nuit, dans les draps, couple en rut mais que hante Incoerciblement la terreur du fœtus, Avec précaution, le maître et la servante Échangent des baisers contrôlés par Malthus.
Il grisonne, pourtant ses ruses de satyre Avivent les langueurs de sa nymphe à l’oignon Mais, toujours galant homme, à temps, il se retire: Le jour, il est: «Monsieur» et la nuit: «Gros Mignon!»{112}
Si tout est bien ainsi que je l’ai voulu croire, Ami, tombe à genoux et bénis le Seigneur, Ta pauvre ambition ne rêvait que la gloire; Plus clément, le Bon Dieu t’a donné le bonheur!
On voit des gens être épiciers, Avocats ou marchands de laine Et l’on en voit qui sont huissiers Ou bedeaux à la Magdelaine, Aucuns font de la porcelaine, Du cirage ou des feuilletons, D’autres vont pêcher la baleine: Moi, j’attrape les hannetons!
Quelques-uns, des écrivassiers, —Doux toqués! (la morgue en est pleine!)— Cherchent, la nuit dans leurs puciers, Les rimes d’une cantilène:{116}
«Pauvres gens!» comme dit Verlaine C’est bien votre air que nous chantons! va te brûler, belle phalène! Moi, j’attrape les hannetons!
En vain des philistins grossiers Me rabâchent à perdre haleine! «Il faut bien que vous embrassiez Une carrière!» Lon, lon, laine! Messieurs, soyez préfet de l’Aisne, Mettez aux pois les canetons Ou comprimez l’acétylène! Moi, j’attrape les hannetons!
ENVOI
Prince, la gente et la vilaine, Toutes sont mêmes Jannetons: Que Pâris garde son Hélène! Moi, j’attrape les hannetons!
Zut pour Homais! Pour l’abdomen De Prud’homme, l’affreux macaque, Pour le bedeau qui dit: «Amen!» Pour le Chinois, pour le Valacque! Plus que l’«Ethique à Nicomaque» J’aime la chanson des grelots: Doux Cassandre, Pierrot te claque! Vivent les Poètes falots!—
Corbière, au pays du dolmen Et du hareng qu’on met en caque, Sut cueillir plus d’un cyclamen; Cros est un alexipharmaque Propre à dissiper les comas que Portent les veules symbolos, Maldoror fut un brucolaque! Vivent les Poètes falots!{120}
Lunologue (bizarre hymen!) Laforgue voulut pour momacque La lune (dulce solamen!) La nuit sur un divan de laque Il dénouait, élégiaque, Ta ceinture de fins halos Baalet, pâle Syriaque! Vivent les Poètes falots!
ENVOI
Maîtres, le courtier qui micmaque, Offrant titre ou valeur à lots Brait, parlant de vous, «C’est un braque!» Vivent les Poètes falots!
POUR RÉGLER L’ORDRE ET LA MARCHE DE MES FUNÉRAILLES
Allons donner notre ordre à des Pompes funèbres A l’égal de son nom, illustres et célèbres.
P. Corneille (Sertorius, acte V, scène VIII).
Il ne me convient point, barons de Catalogne, lorsque je porterai mon âme à Lucifer, qu’on traite ma dépouille ainsi que la charogne d’un employé de banque ou de chemin de fer.
Que mon enterrement soit superbe et farouche, que les bourgeois glaireux bâillent d’étonnement et que Sadi Carnot, ouvrant sa large bouche, se dise: «Nom de Dieu! le bel enterrement!» {124}
I
Le linceul sera simple et cossu: dans la bile d’un pédéraste occis par Capeluche vers l’an treize cent soixante, un ouvrier habile a tanné douze peaux de caprimulges verts:
pour ôter au cadavre un aspect trop morose premier que me vêtir du suaire, teignez mes sourcils en bleu ciel et mes cheveux en rose de flammant et dorez mes ongles bien rognés.
Ce coffre d’orichalque ocellé de sardoines et doublé de samit qu’autrefois Gengis-Khan offrit à mon aïeul semble des plus idoines à recevoir mon corps aimé de Dinican!
Étendez-moi rigide au fond de cette bière, placez entre mes mains nos livres décadents: Laforgue, Maldoror, Rimbaud, Tristan Corbière, mais pas de René Ghil: ça me fout mal aux dents!
I
Pour corbillard, je veux un très doré carrosse conduit par un berger Watteau des plus coquets, et que traînent, au lieu d’une poussive rosse, dix cochons peints en vert comme des perroquets;{125} Celle que j’aimai seul, ma négresse ingénue qui mange des poulets et des lapins vivants, derrière le cercueil, marchera toute nue et ses cheveux huilés parfumeront les vents;
les croque-morts seront vêtus de laticlaves jaunes serin, coiffés d’un immense kolbach et trois mille zeibecks pris entre mes esclaves suivront le char jouant des polkas d’Offenbach;
vous, sur des hircocerfs, des zèbres, des girafes juchés et clamitant des vers facétieux, vous cavalcaderez munis de deux carafes d’onyx pour recueillir le pipi de vos yeux,
tandis que méprisant ta faune, ô Lacépède, drapé dans une peau de caméléopard mon vieux compaing Deibler, sur un vélocipède, braillera la Revue et le Chant du Départ!
I
Dans un temple phallique atramenté de moire, MONSIEUR DOCRE, chanoine et prêtre habituel des Sabbats, voudra bien chanter la MESSE NOIRE évoquant Belphégor d’après son rituel. {126}
I
Ce gâteau de Savoie ayant Hugo pour fève, le Panthéon classique est un morne tombeau; pour moi j’aimerais mieux (que le Dyable m’enlève!) le gésier d’un vautour ou celui d’un corbeau!
Puisque j’ai convomi la société fausse où les fiers et les forts ne sont que réprouvés, Monsieur le fossoyeur, vous creuserez ma fosse parmi les assassins, dans le Champ-des-Navets!
Ni croix, ni monument: sous la Lune hagarde je sortirai parfois, la nuit, pareil aux loups- garous et les bourgeois diront: «Que Dieu nous garde!» quand surgira mon spectre, à l’heure des filous!...
L’épitaphe? Barons, laissez la rhétorique funèbre aux bonnetiers! Sur ma pierre, par la barbe Mahom! gravez en lettres rouge brique ces quatre alexandrins où tout mon cœur parla:
«Ci-gît Georges Fourest; il portait la royale «tel autrefois Armand Duplessis-Richelieu, «sa moustache était fine et son âme loyale! «Oncques il ne craignit la vérole ni Dieu!...»
Et pour épastrouiller la tourbe scélérate, s’il vous faut exalter en moi quelque vertu, narrez que j’exécrais le pleutre démocrate et que le bout de mes souliers était pointu!{127}
Et tout sera parfait! Et moi, dans la géhenne, grinçant et debout sur les brasiers tisonnés, je hurlerai tel cri de blasphème et de haine que je terrifierai le DYABLE et ses damnés!!!
Or, j’ai scellé ce pli des sept sceaux d’Aquitaine, MOI, neveu d’Astaroth, maudit par Jésus-Christ! Et pour être compris même de Monsieur Taine, je m’exprime en vulgaire et non point en sanscrit!
Villiers de l’Isle-Adam.—Trois contes, avec 4 eaux-fortes de Henry de Groux
250 » 100 » 70 » et 40 »
Charles Cousin.—Le vœu de l’Etre, poème
36 » et 16 »
An.-Catherine Emmerich.—La douloureuse passion, 7 bois de Malo Renault
25 » et 20 »
René-Louis Doyon.—Proses mystiques (La résurrection de la chair. L’homme qui a sauvé Dieu.La dernière.)
50 » 40 » et 24 »
Juan de Yepes.—(Saint-Jean de la Croix).—Canciones, traduits en prose rythmique par René-Louis Doyon. 12 bois de Malo Renault
250 » 100 » 80 » et 50 »
J. Peladan.—Le livre secret (1 portrait et 2 allégories par Henry de Groux)
80 » et 30 »
Petite Bibliothèque:
Hroswitha.—Abraham, trad. J. Cuzin
6 »
P. Mérimée.—H B par un des Quarante
6 »
X.—L’horizon débridé
6 »
Al. Bertrand.—Gaspard de la nuit (édition complète)
4 50
Ch. Baudelaire.—Les fleurs du mal
3 50
— Petits poèmes en prose
3 »
J. Barbey d’Aurevilly.—Le cachet d’onyx-Léa, Fragment (étude de Sade à Barbey, par R.-L. Doyon)
4 »
Les Textes:
1. Stendhal.—Lettres à Pauline, (3 portraits)
18 »
2. J. Laforgue.—Exil, Poésie Spleen (nombreux documents, 1 portrait
de Skarbina)
33 » et 22 »
3. Ernest Renan.—Essai psychologique sur Jésus-Christ, (publié
pour la 1ʳᵉ fois)
10 »
(Envoi franco contre mandat)
LA CONNAISSANCE, revue de lettres et d’idées
PARAIT LE 15 DE CHAQUE MOIS Abonnement Annuel: France, 30 francs; Extérieur, 35 francs
(Envoi d’un spécimen contre demande)
NOTES:
[A] Si le roi et l’arène se trouvent ici l’un près de l’autre,
c’est tout à fait par hasard.
[B] Il faut bien avouer que le nom du respectable et feu M.
Floquet vient ici comme des cheveux sur la soupe. Mais, bah!
(Note de l’auteur).
[C] On tient à affirmer hautement qu’il n’est fait ici nulle
allusion déplacée à l’éminent maëstro Ch. M. Widor.
[K] Il est bon de faire observer que les chrysanthèmes sentent
plutôt mauvais.
(Note de l’auteur).
[L] Y a-t-il de l’osier en Laponie? Mystère et botanique.
(Note de l’auteur).
End of the Project Gutenberg EBook of La négresse blonde, by Georges Fourest
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